Lors de la campagne 2022, il a été déclaré très tôt que la disponibilité en semences de maïs serait restreinte. En cette année 2023, la campagne s'est vite annoncée plus sereine.
Après des récoltes fortement touchées par la sécheresse de l’été 2022 et ses conséquences sur la filière de semences de maïs, la campagne 2023 s’annonce comme un retour à la normal, confirmé par Rémy Merceron, chef marché maïs grain pour KWS France :
« Les conditions de semis ont été globalement favorables dans l’Hexagone, à l’exception des semis des mâles dans le Sud-Ouest de la France. Le mois de juillet, plutôt frais, n’a engendré aucun stress particulier au moment du remplissage, présageant des rendements corrects à bons. L’été indien qui a suivi a toutefois accéléré le cycle de la culture, avec un impact sur l’humidité des grains. En effet, nous préférons collecter des grains avec un taux d’humidité plus élevé, pour les sécher ensuite, afin de maximiser le taux de germination des semences. »
Cela étant dit, Rémy Merceron se veut rassurant, la qualité des lots de semences sera bien au rendez-vous.
Vigilance sur l’hétérogénéité des PMG
Le chef marché relève toutefois un fait marquant de cette campagne :
« Le poids de mille grains (PMG) des maïs récoltés est inférieur aux attentes, conséquence de la période sèche qui a sévi en fin d’été. »
La principale difficulté de cette campagne va donc être de gérer l’hétérogénéité des PMG des différents lots de semences.
Jean-Luc Demars, chef marché maïs fourrage au sein de KWS France, tient donc à corriger quelques idées reçues :
« Non, la qualité de la semence n’est pas corrélée à son PMG. Le PMG n’a pas d’effet sur la faculté germinative des semences. En maïs, c’est la qualité de l’implantation qui est le facteur prédominant dans le potentiel de rendement de la culture. »
De fait, il invite chaque acteur de la filière, et principalement les agriculteurs, à être vigilants quant aux réglages de leur semoir monograine.
« Cette année, il risque d’y avoir une forte hétérogénéité de PMG entre les différentes variétés. Il va donc être essentiel d’adapter le réglage du sélecteur de grains de chaque élément de semis en fonction du PMG pour éviter les doublons. »
Un point de vigilance essentiel quand 50 % du rendement se joue au semis.
D’ailleurs, KWS prévoit d’accoler un sticker sur chaque sac de semences de maïs pour rappeler ce préambule au semis.
Sécuriser la production de semences françaises
Malgré les points de vigilance évoqués précédemment, Bruno Trichet, chef produit semences hybrides au sein de la coopérative Vivescia, se réjouit d’un retour à la normale, voire d’une amélioration…
« Jusqu’à l’année dernière, la stratégie des fournisseurs et des semenciers était de miser sur des stocks de semences faibles et une production de ces dernières en partie à l’étranger. La guerre en Ukraine et la campagne 2022 ont quelque peu rebattu les cartes. Les semenciers ont rapatrié une partie de leur production de semences en France et la récolte plus généreuse de cette année contribue à reconstituer des stocks. 2022 a aussi participé à "écrémer" l’offre variétale… Les semenciers n’hésitent pas à sacrifier les variétés dont la multiplication est difficile au profit d’autres, plus faciles à produire. S’il n’y a pas d’impact sur le panel de variétés disponibles, cela peut concourir à attirer de nouveaux agriculteurs multiplicateurs de semences qui se font rares aujourd’hui. »
C’est en tout cas une des difficultés rencontrées par les semenciers alors que la demande en semence de maïs pourrait bien augmenter… pour cette campagne au moins.
Une sole de maïs en hausse ?
« Les conditions pluvieuses que nous subissons cet automne ont empêché l’implantation d’une partie des cultures d’automne prévues par les agriculteurs, note Bruno Trichet. Si des fenêtres météorologiques peuvent encore s’ouvrir d’ici la fin de l’année, il y a de fortes chances qu’une partie des agriculteurs reportent leur semis au profit de cultures de printemps, dont le maïs. Pour la coopérative Vivescia, cela pourrait représenter quelques milliers de doses supplémentaires. »
Protection Korit pour la majorité des semences
Pour Inoxa, les doses vont être principalement « protégées Korit » avance Alexandre de Villepoix, responsable semences et agroéquipements :
« Pour cette campagne, c’est 80 % de la demande. Nous appréhendions dans un premier temps une rupture de stock, mais tous les acteurs concernés semblent avoir pris leur disposition. Depuis 4 ou 5 campagnes, le nombre de doses de semences "protégées Korit" augmente de 20 % par an. Une augmentation qui s’explique naturellement par la gestion alimentaire des corvidés. Les agriculteurs ne protégeant pas leurs semences voient les dégâts s’accroître d’année en année à mesure que leurs voisins protègent davantage leur surface en maïs. Jusqu’à ce que cela devienne insupportable. »
Mais que va-t-il se passer quand cette protection disparaîtra du marché sans aucune autre solution de même efficacité ? Les dégâts vont-ils être dilués sur les territoires ou s’accroître encore ? Ce n’est en tout cas pas cette année que nous aurons la réponse.
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