Maïs : la tolérance au stress hydrique monte en gamme chez les semenciers

En condition de stress hydrique, les variétés ClimaControl3 de KWS (à droite) prouvent, dans une même parcelle, leur meilleure résilience par rapport à une variété témoin (à gauche).

Rares sont les maïsiculteurs à avoir été épargnés par la hausse des températures et par le manque d’eau des dernières années. Les semenciers se sont emparés de ces problématiques et développent des variétés plus résilientes. L’offre se structure avec des gammes désormais clairement identifiées pour leur tolérance au stress hydrique. Tour d’horizon chez KWS, MAS Seeds, RAGT Semences et LG Seeds.

Depuis plusieurs années, la France subit des aléas climatiques de plus en plus marqués. Pour les cultures de printemps, comme le maïs, l’année 2022 a été un réel cataclysme. La question de la disponibilité future en eau, en sec comme en irrigué, pousse les producteurs à se tourner davantage vers des variétés plus résilientes.

Si la dimension « rendement » reste l’axe prioritaire des équipes de recherche des principaux semenciers, le développement de variétés toujours plus tolérantes au stress hydrique et thermique devient désormais un enjeu fort. La plupart d’entre eux ont d’ailleurs développé des gammes et des labels spécifiques à ces problématiques.

Plusieurs nouveautés attendues cette année

À travers l'Europe, KWS s’appuie sur ses plateformes représentatives des milieux les plus optimaux aux plus compliqués, afin d'étudier le comportement de ses variétés sur plusieurs années.

L'objectif est de déceler les futurs candidats qui pourraient le mieux passer à travers tous les stress durant la vie du maïs. Ces travaux ont donné naissance au label ClimaControl3.

Il s’agit d’identifier les variétés les plus tolérantes à 3 phases de stress :

  • avant floraison, où les stress hydrique et thermique ont un effet sur la programmation du futur épi ;
  • pendant la floraison, celle-ci doit être synchrone pour maintenir un niveau de grains/épi élevé ;
  • et après la floraison, une bonne fin de cycle permettant le remplissage maximal des grains.

« Seules les variétés qui passent ces trois phases de stress avec succès et qui se comportent bien également dans les conditions non limitantes peuvent obtenir le label », explique Rémy Merceron, chef de marché maïs grain chez KWS.

Cette année, trois variétés ont obtenu le label dans le catalogue français : Victorello (précoce), KWS Lusitano (semi-précoce) et KWS Hypolito (semi-tardif).

« Cette dernière variété bénéficie d’une forte dynamique, car il existe à ce jour peu de variétés performantes sur ce créneau de précocité », précise-t-il.

De son côté, LG Seeds propose une dizaine de variétés labellisées « Avantage tolérance stress hydrique ».

« Nous délivrons ce label aux variétés qui ont démontré leur performance dans les situations les plus limitantes au niveau de notre recherche européenne, après avoir vérifié leurs comportements dans toutes les situations sur les bassins de production en France », précise le chef produit maïs de l’entreprise, Carol Humeau.

Parmi les 10 variétés de sa gamme, LG Seeds met en avant sa variété demi-précoce LG 31.325 Limagold, qui a démontré sa régularité en toutes situations et qui affiche 106,7 % de moyenne de rendement sur trois ans dans 160 essais du réseau de développement Limagrain Europe.

Chez MAS Seeds, on retrouve la gamme Waterlock.

« Dans des conditions de stress hydrique, ces variétés assurent une performance supérieure de 15 % à 20 % par rapport aux autres variétés », affirme Guillaume Colin, responsable sélection maïs chez MAS Seeds.

En France, cette gamme compte 6 variétés, dont deux nouveautés : MAS 282K en précoce et MAS 448G en demi-tardif.

RAGT Semences prend en compte tous les facteurs limitants

RAGT Semences développe également une gamme dénommée « Stressless H2O » spécifiquement adaptée en cas de faible disponibilité en eau. L’entreprise assure un gain moyen de 4 quintaux par hectare dans toutes les situations.

Comptant aujourd’hui 20 variétés de maïs grain qui couvrent tous les créneaux de précocité, du G0 au G5, la gamme s’étoffe encore cette année avec l’arrivée de RGT Sedex (G1), RGT Dexter (G2) ou encore RGT Sokalis (G4).

« Mais nous nous sommes aperçus que nous limitions souvent les conséquences du changement climatique à la disponibilité en eau ou au stress thermique. Il a également un impact sur d’autres facteurs qui peuvent alors limiter le potentiel du maïs, complète Samuel Dubois, chef marchés hybrides France chez RAGT Semences. C’est pour cela que nous avons lancé cette année notre nouvelle gamme, Oplit, pour "optimiser son potentiel en s’adaptant aux facteurs limitants " . »

Pour entrer dans cette gamme, qui compte actuellement 24 variétés en grain et en fourrage, une variété doit répondre à trois critères :

  • la régularité des performances, recherchée en premier lieu par les agriculteurs ;
  • la sécurité agronomique, comme la tolérance à la verse ou la qualité d’implantation ;
  • la tolérance aux stress.

« Avec Oplit, nous cherchons à assurer plus de stabilité aux comportements de nos hybrides dans un contexte de changement climatique, poursuit Samuel Dubois. Notre objectif est d’écrêter par le bas la courbe des rendements, c’est-à-dire de rapprocher les rendements les plus faibles de la moyenne. »

Vers des variétés encore plus tolérantes ?

Tous les semenciers s’accordent à dire qu’il existe toujours une marge de progrès pour développer des variétés encore plus tolérantes au stress hydrique.

« On peut encore identifier des lignées plus rustiques, car il reste une grande diversité de matériel qui n’a pas encore été explorée, explique Samuel Dubois. Sans oublier les apports majeurs de la génomique, et notamment du marquage moléculaire pour identifier les zones génétiques qui apportent de la rusticité. Ce sont aussi des outils prédictifs pour mieux choisir les croisements à réaliser et avancer plus rapidement sur le développement de nouvelles variétés. »

La littérature scientifique a montré que les semenciers ont créé du gain génétique également pour les conditions stressantes, en adaptant le maïs aux fortes densités de semis et en se concentrant sur des caractères directement liés au rendement.

Mais ils sont en effet peu nombreux à avoir travaillé uniquement sur des caractères constitutifs directement liés au stress hydrique, comme l’architecture racinaire ou la conductance stomatique.

« Cependant, le compromis sera vraisemblablement une certaine baisse des performances en conditions optimales, avoue Guillaume Colin. Jusqu’à présent, les agriculteurs n’étaient pas prêts à ce compromis. Mais les choses changent, comme on peut le constater en Roumanie par exemple. »

Après plusieurs années de grande sécheresse, les agriculteurs des pays de l’Est semblent désormais plus à même d’acheter une variété qui leur garantira un rendement en conditions sèches, même si elle s’avère un peu moins bonne en conditions optimales.

Une tendance qui pourrait se développer en France dans l’hypothèse d’un renforcement du changement climatique.

L’agronomie regagne du terrain

S’il est essentiel dans la réussite d’une culture de maïs, le choix variétal n’est pas le seul à entrer en compte dans l’adaptation à la sécheresse.

Plusieurs semenciers ont intégré cette dimension, à l’image de MAS Seeds qui explore dans ses essais de plus en plus les leviers agronomiques en testant par exemple l’association du maïs avec d’autres espèces, l’intégration de cultures intercalaires ou encore l’architecture du semis en modifiant la largeur des interrangs.

De son côté, KWS a édité un guide sécheresse maïs, accessible à tous gratuitement sur son site. Il résume l’état des connaissances actuelles et propose des fiches pratiques pour limiter les conséquences d’une sécheresse sur la culture du maïs tout au long de son cycle.

« Pour donner à une variété plus tolérante à la sécheresse toutes les chances d’exprimer son potentiel, il est indispensable de la "manager agronomiquement" au mieux, du travail du sol jusqu’à la récolte, sous peine de voir s’écrouler tous les bénéfices qu’elle pourrait apporter, insiste Jean-Luc Demars, chef de marché maïs fourrage et grain précoce chez KWS. Rappelons que 50% du rendement se joue au semis ! »

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