Céline Motard, Terres Inovia : « L’impression que la qualité des semences proposées se dégrade »

Responsable adjointe de l’évaluation variétale du soja et du tournesol chez Terres Inovia, Céline Motard trace les perspectives de la saison 2024 pour les semences de tournesol.

Comment s’annonce la saison 2024 en matière de disponibilité des semences ?

Céline Motard : Concernant la production de semences sur le territoire français, je pense que nous sommes sur une année plutôt bonne, puisque nous avons eu de l’eau durant l’été, contrairement à 2022, où nous avons eu du sec.

Les rendements en tournesols destinés à la consommation sont bons, il n’y a donc pas de raison que ce ne soit pas la même chose pour la production de semences. 

Qu’en est-il de la qualité ?

C. M. : Depuis trois ans, nous avons l’impression que la qualité des semences proposées sur le territoire français se dégrade.

Nous constatons de plus en fréquemment dans les parcelles de tournesol des plantes qui ne ressemblent pas aux autres. Certaines sont plus hautes ou présentent des impuretés. Nous avons aussi repéré du tournesol sauvage.

Il est difficile de dire quels sont les lieux de production des semences concernées, mais globalement, nous n’avons pas de souci sur les lots produits en France. Or, seulement une petite partie de la production française vient d'ici, la majorité des semences utilisées en France viennent de l’étranger.

Ces soucis de qualité peuvent s’expliquer par un défaut d’encadrement des producteurs et de vérification de la production. Je pense que c’est aussi lié à l’augmentation, depuis trois ans, des surfaces de tournesol en France.

Nous sommes passés d’environ 520 000 ha en 2021 à plus de 800 000 ha aujourd’hui. Il y a d’abord eu une problématique colza dans le quart nord-est de la France qui a poussé les agriculteurs vers le tournesol. 

Puis, l’envolée des prix provoquée par le conflit ukrainien a conduit tout le monde a vouloir faire du tournesol. Ça n’avait pas été anticipé et les semenciers ont certainement dû faire les fonds de tiroir pour répondre à la demande.

En plus de cela, en 2022, les rendements ont été limités par le sec, ce qui a eu des conséquences sur la qualité des semences.

Si je résume, les soucis de qualité s’expliquent notamment par le cumul de deux facteurs : une forte demande et une qualité moyenne de la production.

Quels sont les principaux axes d’amélioration sur lesquels travaillent les semenciers ?

C. M. : La plupart des semenciers essaient de répondre au changement climatique en travaillant sur la tolérance au stress hydrique.

Il semble que des variétés se comportent mieux que d’autres, mais il n’y a pas encore d’études fiables et poussées. A priori, ce n’est pas un gène, mais un ensemble de gènes qui confère cette tolérance. Le travail va donc être très long pour les mettre en évidence.

En ce qui concerne les maladies, la résistance au mildiou fait toujours partie des programmes de sélection. Nous avons aujourd’hui une réponse génétique qui tient la route, mais le mildiou est en évolution perpétuelle et trouve toujours une faille pour contourner les meilleures variétés.

Les semenciers regardent aussi le verticilium, qui continue de monter en puissance sur le territoire, et le phomopsis, même si celui-ci a quasiment disparu.

Il y a aussi un axe non négligeable qui concerne l’orobanche. C’est une orientation qui répond surtout aux besoins des pays de l’Est, où des soles entières sont touchées. En France l’orobanche est peu fréquente, même si on recense une zone dans le Sud-Ouest et quelques points en Vendée, en Charente et en Charente-Maritime.

Enfin, en matière de qualité, les semenciers sont toujours attentifs à l’huile, mais certains orientent aussi leurs travaux sur la teneur en protéines des tourteaux. C’est complexe, car il faut réussir à monter les teneurs en protéines sans baisser les teneurs en huile. Dans cette perspective, il y a aussi un travail sur la décorticabilité des graines. En effet, plus on arrive à séparer les coques de l’amande, plus les tourteaux sont riches en protéines. Les fibres contenues dans la coque sont quant à elles valorisables en biocombustible. »

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