Exploitations moins nombreuses, plus grandes et revenus agricoles hétérogènes : Agreste dévoile ses derniers chiffres

Le mardi 27 février, Agreste promulguait les principaux enseignements d’un ouvrage, réalisé en partenariat avec l’Insee, sur les transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires. Les conclusions, issues des données relevées jusqu’en 2022, traduisent une évolution déjà engagée depuis plusieurs décennies. À noter : seulement un tiers du revenu des ménages d’exploitants agricoles est tiré de l’exploitation agricole.

En 2020, 390.000 exploitations étaient recensées en France métropolitaine, contre 490.000 en 2010 et 664.000 en 2000. Leur surface agricole utilisée (SAU) s’élevait à 69 ha en moyenne, contre 55 ha en 2010 et 42 ha en 2000, a indiqué Vincent Marcus, chef du service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture (Agreste). Ces derniers chiffres sont issus d’une étude menée avec l’Insee sur les transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires.

Évolution de la SAU moyenne des exploitations en hectares.
Crédit photo : Agreste

À noter : une répartition inégale du foncier : 25 % des exploitations les plus petites (< 5 ha) se partagent 1 % de la SAU, alors que 5 % des exploitations les plus grandes (> 214 ha) concentrent 25 % de la SAU.

Niveau de vie et pauvreté monétaire des ménages agricoles en 2020.
Crédit photo : Agreste

La spécialisation progresse

Les exploitations ont tendance à davantage se spécialiser. En 2020, 35 % des exploitations n’ont qu’un atelier significatif, contre 20 % en 1988. Un tiers d’entre elles sont des exploitations viticoles et 26 % produisent des grandes cultures.

Si les exploitations en polyculture-polyélevage continuent leur décrue (10 % des exploitations en 2020 contre 12 % en 2010 et 15 % en 2000), la spécialisation en grandes cultures s’accentue (29 % des exploitations en 2020 contre 24 % en 2010), suivie par la viticulture. La part de l’emploi dans l’agriculture continue de diminuer, avec 2,7 % de l’emploi total en équivalent temps plein (ETP) en 2022 contre 3,4 % en 2010.

Sur les revenus au sein des ménages d’exploitants agricoles, l’activité agricole n’est pas la seule source de revenus des exploitants et de leur famille, selon Vincent Marcus. Seulement un tiers du revenu disponible de ces ménages est tiré de l’exploitation agricole, alors que 45 % proviennent d’autres revenus d’activité professionnelle (autres membres du ménage notamment), 22 % de revenus du patrimoine (fermages notamment) et 15 % de pensions (notamment de retraites).

Niveau de vie médian à 22.800 euros pour les ménages agricoles

La médiane pour le niveau de vie des ménages d’exploitants agricoles est établie à 22.800 euros en 2020. Ce niveau est proche de celui de l’ensemble de la population. Mais les niveaux de vie en agriculture varient fortement selon les ménages : en 2020, 10 % ont un niveau de vie inférieur à 10.900 euros et 10 % un niveau de vie supérieur à 44.600 euros. Si ce rapport interdécile D9/D1 est de 4,1, il n’est que de 3,4 pour l’ensemble de la population. « La distribution des niveaux de vie est ainsi plus étalée et plus inégalitaire en agriculture », précise Vincent Marcus.

16 % des personnes résidant dans un ménage d’agriculteurs sont en situation de pauvreté monétaire, contre 14 % pour le niveau moyen français, précise le rapport. Le taux de pauvreté monétaire est le plus élevé chez les exploitants spécialisés dans l’élevage d’ovins-caprins, de bovins viande ou dans le maraîchage et l’horticulture (supérieur à 20 %). Inversement, il se rapproche de 10 % pour les exploitations spécialisées en viticulture (11,5 %) et céréales (12,2 %).