Le vers gris, ravageur numéro 1 en colza à la levée?

Noctuelle sur colza, vers gris. Photo: Terre Atlantique

Sur le territoire de la coopérative Terre Atlantique, en Charente-Maritime et Deux-Sèvres, le vers gris – ou chenille de noctuelles terricoles – est devenu en quelques années un fléau majeur au semis de colza. Dans les pires situations, des parcelles entières peuvent être détruites et ressemées. Et les solutions de lutte restent souvent limitées et coûteuses.

"Les vers gris sont un problème montant depuis trois ou quatre ans sur notre secteur et semblent même devenir le principal ravageur à la levée du colza désormais!" se désespère Sébastien Clavé, responsable adjoint du service agronomie de la coopérative Terre Atlantique basée à Saint-Jean-d’Angély (Charente-Maritime). Ces vers gris correspondent aux chenilles de papillons nocturnes appelés noctuelles terricoles et rongent le collet de jeunes plantules de colza, entraînant des pertes conséquentes. "Des parcelles sont détruites parfois à plus de 50%, obligeant à tout ressemer ! Et les larves, aux cycles de 30 à 60 jours, peuvent être encore présentes pour les seconds semis!"

Deux espèces

Des deux espèces de noctuelles sur colza, à savoir la noctuelle ipsilon (Agrotis ipsilon) migratrice en provenance d’Afrique du Nord, et la noctuelle des moissons (Agrotis segetum) sédentaire, Sébastien Clavé pense que les dégâts sont surtout imputables à la première: "Avec le réchauffement climatique, peut-être que cette noctuelle migratrice remonte davantage, alors que la seconde cause généralement des dégâts plus limités ."

Parcelle de colza détruite par les vers gris. Photo Terre Atlantique

Plus d’attaques sur les semis précoces ?

Pour lui, depuis que les semis ont été précocifiés pour échapper aux dégâts de grosses altises, l’exposition aux dégâts de vers gris a été augmentée. C’est un difficile compromis à trouver! Mais les semis plus tardifs ne sont pas épargnés non plus par les vers gris. Aucune différence ne semble observée en fonction des types de sols, ni des variétés de colza.

"Il y aurait peut-être moins de dégâts en colza associés, par effet de dilution avec un plus grand nombre de plantes, mais cette technique se développe peu sur notre secteur, en raison des levées déjà compliquées en colza seul et du salissement des parcelles obligeant parfois le passage d’un anti-dicot", poursuit Sébastien Clavé, observant cependant de grosses hétérogénéités dans les attaques, avec des parcelles touchées et d’autres juste à côté épargnées.

Parcelle de colza détruite par les vers gris. Photo Terre Atlantique

Des micro-granulés à la rescousse

Pour maîtriser les ravageurs, pas de solution miracle. Jusque-là, il était conseillé d’intervenir sur végétation à l’aide d’un produit autorisé à base de cyperméthrine avec un volume de bouillie important (500 l/ha), de préférence le soir, car l’activité de ces insectes est nocturne, indique Terres Inovia.

"Malheureusement, tous les agriculteurs ne sont pas équipés pour faire d’aussi gros volumes de bouillie, et en conditions sèches, les larves remontent peu à la surface", poursuit Sébastien Clavé. Un insecticide en micro-granulés, le Trika Super (lambda-cyhalothrin), a été récemment autorisé sur colza et donne de l’espoir. "L’apport doit être fait au semis, avec des semoirs monograines disposant d’un micro-granulateur, mais encore beaucoup de producteurs sèment au combiné", nuance cependant l'agronome.

À dose pleine, le coût revient à 120€/ha, ce qui n’est pas négligeable non plus. La possibilité d’intervenir sur les papillons adultes ne semble pas au programme. "Il existe de très nombreuses espèces de papillons de nuit, ce qui rend difficile une lutte ciblée sur celles qui nous concernent et, surtout, les vols sont étalés. Il est donc illusoire de cibler un pic de vol", indique-t-il.

D’autres noctuelles dans le viseur

Pour lui, les conséquences du changement climatique, avec la hausse des températures, semblent jouer en faveur des noctuelles migratrices et des insectes de manière générale. "Outre celles sur colza, on voit également des noctuelles défoliatrices sur maïs cette année, les cirphis, une espèce également migratrice. Arrivées début août, elles attaquent la végétation en petits ronds. Si les attaques sont plus précoces, elles peuvent manger les soies, et les conséquences sur le rendement peuvent alors être importantes. L’héliothis ou noctuelle de la tomate est, cette année, également bien présente sur les maïs. En mangeant les grains, elles ouvrent aussi des voies d’entrée à la fusariose des épis. Et là encore, les interventions sont très compliquées pour des stades avancés du maïs!", déplore Sébastien Clavé, qui conclut : "Ces problématiques montantes de noctuelles sont un exemple concret de l’impact du réchauffement climatique sur les populations d’insectes ravageurs qui seront certainement plus diversifiées et, pour certaines, plus dommageables à l’avenir."

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