Plante aux nombreux avantages et débouchés, le sorgho reste cependant assez mal connu notamment des transformateurs. À l’occasion du congrès international du sorgho à Montpellier, le semencier Lidea milite pour une meilleure communication, mais aussi pour la mise en place d’un cours officiel dédié à cette espèce.
Après une année 2022 marquée par la sécheresse, le sorgho grain et fourrager semble intéresser de plus en plus de producteurs. La plante est reconnue pour sa plus grande résistance à la sécheresse et ses plus faibles besoins en eau comparé au maïs (-50% pour un sorgho grain et -30% pour un sorgho fourrager). C’est également une culture de diversification intéressante et compétitive en raison de son faible coût de production puisqu’elle nécessite peu d’intrants.
Pour la campagne à venir, Frédéric Guedj, responsable développement sorgho chez Lidea, mise sur une hausse des emblavements:
En France, nous étions, au cours des dernières années, sur une tendance baissière. En 2021, les surfaces ont été plus importantes en céréales d’hiver et le cours du maïs était assez haut. En 2022, ce sont les cours élevés du tournesol et du soja qui ont en partie pénalisé le développement du sorgho.
Mieux informer les transformateurs
Mais selon lui, la dynamique actuelle n’est pas suffisante pour permettre un développement plus conséquent de cette culture:
Il faut créer la demande en intéressant et en informant mieux les transformateurs, notamment en alimentation animale. J’entends encore trop dire que le sorgho n’est pas adapté à l’alimentation animale, car trop riche en tanins. Or, ce problème est réglé depuis les années 1980 et aujourd’hui, aucune variété ne peut arriver sur le marché si sa teneur en tanins dépasse les 0,3%.
Frédéric Guedj souhaite s’inspirer de l’exemple hongrois où, grâce à l’adhésion des transformateurs, une filière durable est en train de se créer, se traduisant concrètement par une hausse très importante des surfaces. Et d’ajouter:
Il ne faut pas se limiter à l’alimentation animale. Les débouchés pour le sorgho grain et fourrager sont très nombreux, en alimentation humaine, pour les bioénergies et aussi pour les biomatériaux. Lors du congrès international à Montpellier, de nombreuses start-up sont venues présenter leurs produits: des pâtes, des alcools, des biscuits, des sirops… Il faut aussi que ces entreprises communiquent sur ce qu’elles font. Cela ne pourra que participer à faire grandir la demande.
Frédéric Guedj a également tenu à insister sur l’un des freins au développement de la culture de sorgho, à savoir l’absence d’un cours dédié à la culture:
Le sorgho reste aujourd’hui indexé sur le cours du maïs. Si on veut offrir une réelle lisibilité, notamment aux transformateurs, il faut mettre en place un cours officiel du sorgho.
Accompagner les agriculteurs dans leurs itinéraires techniques
Si les intérêts du sorgho sont multiples pour les produits, il ne faut pas voir en lui une plante miracle, insiste Frédéric Guedj:
En 2020, beaucoup d’agriculteurs ont testé le sorgho dans des sols superficiels et ont été très déçus du rendement. Cette culture nécessite des sols moyennement profonds à profonds.
Il faut être également vigilant sur le déclenchement de la récolte car, quand le grain est mûr, la plante a encore un feuillage vert. Il ne faut donc pas attendre le dessèchement du végétal pour récolter. Sans oublier le bon réglage de la hauteur de la barre de coupe pour éviter de ramasser trop de tiges et de feuilles, ce qui ralentirait la vitesse de récolte et augmenterait le taux d’humidité du grain.
Enfin, le semencier, qui a bâti en 2009 le premier programme de recherche de sorgho en Europe à travers sa filiale Eurosorgho, espère désormais que la recherche publique s’intéressera de plus près à cette plante pleine d’avenir.
