SNIA : l'objectif 2030 de - 20 % d'émissions de gaz à effet de serre sera tenu

L'organisation professionnelle des métiers de la nutrition animale met en avant des solutions pour la décarbonation mais réclame aussi une stratégie nationale visant à préserver l'élevage. Faute de quoi, les importations, en hausse dans la consommation de viande, ne feront qu'accroître les risques en matière de souveraineté alimentaire – et d'environnement.
 

François-Christian Cholat, le président du Syndicat national de l'industrie de la nutrition animale (SNIA), ne décolère pas. « Le secteur de l'alimentation animale ne peut accepter une stratégie qui serait basée sur la décroissance de l'élevage en France », a-t-il martelé en ouverture de la conférence de rentrée du syndicat. La décroissance, en tout cas, est bien là...
  • Après une année 2022 marquée par une baisse historique de la production d'aliments (- 6,6 %), le premier semestre 2023 affiche un nouveau recul de 1,8 % des volumes.
  • Si la production destinée aux filières avicoles se stabilise par rapport à 2022 (- 0,4 %), elle reste encore très affectée par les effets de l'influenza aviaire et se situe bien en dessous des niveaux de production antérieurs.
  • Les aliments destinés aux porcs enregistrent un nouveau dérapage sur les six premiers mois de 2023 (- 5,9 %).

Pari sur la production nationale

Malgré la décapitalisation, l'organisation professionnelle veut parier sur la production nationale et sa décarbonation. Pour plusieurs raisons.

D'abord, parce que, ne serait-ce qu'en raison de l'augmentation de la population en France, la consommation de viande ne baisse pas. Or, cette demande est de moins en moins couverte par la production nationale. Il faut donc importer veaux, vaches, cochons et poulets. Entre 2021 et  2022, les achats extérieurs ont grimpé de 11 %. Une hérésie, puisque le transport pollue, sans oublier que ces importations grèvent la balance commerciale et la souveraineté alimentaire.

De plus, « la décarbonation de l'élevage bénéficie d'un levier clé : l'alimentation animale », souligne François-Christian Cholat. Comment ? « Grâce à l'efficacité nutritionnelle des aliments, notamment pour les volailles, et aux innovations (dont des additifs tels que les algues) en vue de faire baisser la production de méthane des bovins », répond Philippe Manry, vice-président du SNIA.

La filière, qui a adopté un objectif de - 20 % d'émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030, est confiante. Il devrait être atteint. Pour cela, elle travaille non seulement sur la performance nutritionnelle mais aussi sur l'impact carbone en matière de formulation. L'achat de matières premières étant un poste d'émissions majeur, elle s'efforce d'améliorer son sourcing, en particulier l'achat de soja responsable, afin de lutter contre la déforestation importée, avec un objectif 2025 de 100 % des achats de soja couverts par une garantie « non-déforestation et non-conversion ».

Autres vecteurs de décarbonation

Les professionnels de l'alimentation animale planchent aussi sur d'autres vecteurs de décarbonation. Ainsi, un système de collecte et de recyclage des déchets d'emballage d'aliments pour animaux en élevage se met aujourd'hui en place, dans le but, là aussi, de réduire les émissions.

Enfin, le SNIA milite pour que les entreprises puissent optimiser les charges transportées par camion, ce qui améliorerait les rendements énergétiques tout en diminuant le nombre de véhicules sur les routes. Il s'agirait donc d'autoriser à 35 tonnes les porteurs 4 essieux actuellement limités à circuler avec un poids total à charge de 32 tonnes, ce qui permettait de baisser les émissions liées à ces livraisons de 6 %.

Si certaines de ces initiatives peuvent aisément être mises en œuvre, d'autres, notamment la R&D en matière de formulation, requièrent des fonds. Or, entre rétrécissement du marché et renchérissement des matières premières et de l'énergie, le tout dans un contexte de marges déjà faibles, la santé financière des entreprises du secteur est fragile. De quoi hypothéquer l'avenir ? Les professionnels du secteur ont bien l'intention de se battre...

Lys Zohin 
 
 
 

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