Différents leviers pour diminuer sa consommation de carburant

Entre 2009 et 2016, l’Institut français de la vigne et du vin a mis en place un protocole de mesure de la consommation de carburant du tracteur lieé au type de matériel utilisé. Des données ont été enregistrées sur deux tracteurs différents, avec les matériels le plus souvent employés en Midi-Pyrénées que sont les broyeurs, les tondeuses, les pulvérisateurs, les outils de travail du sol, les effeuilleuses et les épampreuses. Retour sur les résultats.

Connaître la consommation de carburant de chaque intervention est primordial pour maîtriser ses charges. Souvent, lorsque les conditions le permettent, augmenter le débit de chantier en travaillant plus vite est favorable à la consommation par hectare, en dépit d’une consommation instantanée plus importante. Mais d’autres leviers existent ! L’IFV a réalisé un suivi de grande envergure sur son domaine expérimental pour mesurer avec précision les consommations de chaque outil présent sur l’exploitation. Autre objectif : identifier les différents leviers permettant de diminuer la consommation par hectare. Pour cette étude, l’IFV a eu recours à deux tracteurs. « Lors de la première phase, visant à établir les modes opératoires, nous avons utilisé un tracteur Landini REX 95 F (95 ch), mis à disposition gracieusement par le constructeur. Par la suite, nous avons fait l’acquisition d’un tracteur vigneron John Deere 5080 GV (80 ch), qui a pu être équipé plus durablement avec le débitmètre à gasoil », détaille Christophe Gaviglio, responsable de l’étude. Le débitmètre va mesurer en continu le débit de gasoil dans le circuit d’alimentation du moteur, en enregistrant les valeurs de consommation instantanée (exprimée en l/h) seconde par seconde.

Une étude complète

Pour ses recherches, l’IFV a acquis des données sur divers types d’interventions. Ont été étudiés : trois broyeurs différents, deux types de cultivateurs – à dents et à disques –, trois effeuilleuses (à pales-couteaux, à aspiration et barre de coupe, et une pneumatique), cinq interceps (rotatifs, à lame, passifs et de tonte), un matériel de semis destiné aux engrais verts, une épampreuse mécanique à lanières, et quatre pulvérisateurs.

La première observation a porté sur les matériels à prise de force. L’IFV a ainsi testé sur eux l’incidence de l’utilisation du mode économique. La première constatation a bien confirmé que, comme son nom l’indique, la prise de force économique permet une réduction de la consommation. Toutefois, avec des matériels identiques, les gains les plus importants ont été remarqués lors de l’utilisation du tracteur le plus puissant. Ainsi, pour le Landini, les gains s’échelonnent de 25 à 34 %, alors que pour le John Deere, ils sont de 3 %, avec le broyeur à sarments, à 13 % maximum, avec une tondeuse. « Dans les relevés que nous avons effectués, l’économie de carburant atteint 30 % en moyenne, lorsque l’on utilise un tracteur avec une certaine réserve de puissance, constate Christophe Gaviglio. Les consommations moyennes sont ainsi plus faibles avec un tracteur puissant fonctionnant à bas régime, alors que, sans utiliser le mode économique, ce même tracteur consommera davantage qu’un tracteur possédant moins de réserve de puissance. »

Chercher le débit de chantier

Pour étudier sa consommation, faut-il raisonner à l’heure ou à l’hectare ? Pour l’IFV, la question ne se pose pas : « La visualisation des litres de carburant consommés par heure est intéressante pour les tracteurs les plus récents, équipés d’un ordinateur de bord avec indication de la consommation instantanée. Mais la seule valeur qui compte en définitive est celle de la consommation par hectare pour une opération, car elle fait intervenir la vitesse de travail, et donc le débit de chantier. Nos essais ont montré que, pour l’entretien du sol en particulier, le débit de chantier est très favorable à l’abaissement de la consommation par hectare. » 

Même si en travaillant plus vite (lorsque cela est possible), on observe une augmentation de la consommation instantanée (en l/h), l’abaissement du temps de travail par hectare permet d’obtenir une consommation inférieure par hectare.
En effet, en travaillant plus vite (lorsque cela est possible), on observe une augmentation de la consommation instantanée (en l/h), mais L’abaissement du temps de travail par hectare permet d’obtenir une consommation inférieure par hectare. La question de la qualité de travail en augmentant la vitesse est posée, surtout pour les opérations délicates comme l’effeuillage. « Mais attention, le débit dépend également du nombre de rangs travaillés simultanément et de la proportion de manœuvres dans le travail global (longueur des rangs, enchaînements possibles sans marche arrière, etc.). Les manœuvres impliquant une marche arrière sont en général source de surconsommation par hectare », analyse Christophe Gaviglio.

Des différences notables entre outils

La majeure partie de l’étude de consommation concernait l’analyse des différents matériels que l’on retrouve sur le marché. Et la première conclusion qui saute aux yeux est qu’il existe des différences notables entre les technologies développées par les constructeurs. Pour les pulvérisateurs notamment, « nos relevés indiquent une consommation horaire supérieure de 7 % en moyenne pour les appareils pneumatiques. L’écart peut s’élever à 18 % dans le cas le plus favorable, lorsque les appareils ne sont pas utilisés au maximum de leurs capacités, en début de saison par exemple. Mais la différence est beaucoup plus faible lors d’une utilisation à pleine charge, c’est-à-dire avec la turbine à vitesse maximum et en mode de prise de force normal (1,5 %). »

Concernant les effeuilleuses, un classement a pu être réalisé. Pour une face effeuillée, la plus économe en énergie est la machine à pales-couteaux (4,6 l/ha) devant la machine pneumatique (6,4 l/ha) et celle à soufflerie et barre de coupe (9,3 l/ha). Pour l’effeuillage de deux faces simultanément, la machine pneumatique est la plus gourmande avec 15,7 l/ha, alors que la technologie à soufflerie et barre de coupe n’est quasiment pas affectée par la mise en route du deuxième module.

Le dernier type d’outils comparés concernait le désherbage mécanique. « Notre classement pour cette catégorie est le suivant : le matériel le plus gourmand est l’intercep rotatif avec 12 l/ha, pénalisé par une faible vitesse d’avancement et l’utilisation de l’hydraulique fournie par une centrale branchée sur la prise de force. Vient ensuite une lame bineuse, avec 8,3 l/ha, dont l’effacement est animé par l’hydraulique du tracteur, et dont la vitesse d’avancement lors de cet essai ne dépasse pas 3 km/h. Enfin, on trouve deux appareils dits “passifs” : le disque “ecocep”, avec 3,8 l/ha, et l’étoile de binage, avec 2,2 l/ha, dont la demande énergétique vient uniquement de la résistance à l’avancement rencontrée dans le sol, favorisée par une vitesse de travail très importante (7 km/h). Attention, le travail réalisé par chacun de ces appareils n’est pas le même, la consommation énergétique ne doit pas être le seul critère de sélection de l’outil. »

Deux opérations en même temps : une bonne idée
Un seul passage, deux interventions. Dans cette configuration, la consommation combinée est plus importante que la consommation la plus élevée avec un seul des matériels, mais inférieure à la somme des deux, selon l’étude. « Par exemple, la tondeuse seule consomme autour de 5,5 l/ha avec une vitesse de travail comprise entre 5 et 6 km/h. L’épampreuse mécanique consomme 7,8 l/ha à 2,5 km/h. La combinaison de ces deux matériels, qui implique d’utiliser la tondeuse à la vitesse de travail de l’épampreuse, conduit à une consommation de 10 l/ha, contre 13,3 l/ha si les opérations sont dissociées. L’intérêt est d’autant plus élevé que les vitesses de travail des deux machines utilisées simultanément sont proches. »

Article paru dans Viti Les Enjeux 31 de décembre 2019

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