La filière fruits et légumes dénonce le mépris du ministère de l’Agriculture

Laurent Grandin, vice-président, et Bruno Dupont, président d'Interfel, déplorent l'absence de dialogue constructif avec le ministère de l'Agriculture. Photo : Interfel
À l’issue de l’Assemblée générale d’Interfel, qui s’est tenue le 19 juin, son président Bruno Dupont a fait part de son agacement face au mépris des pouvoirs publics, particulièrement du ministère de l’Agriculture.
 
« On s’est fait flouer », constate Bruno Dupont. Le président de l’interprofession des fruits et légumes frais estime que les pouvoirs publics, qui en demandent toujours plus aux professionnels, ne remplissent pas la part du contrat. À tel point que les objectifs visés par Interfel dans son plan de filière (réduction des pesticides, augmentation de la part de produits bio et sous Siqo, essor de la contractualisation…), pourraient bien être mis en péril. « Nos objectifs étaient conditionnés par un engagement financier de l’État », explique Bruno Dupont, or, les pouvoirs publics semblent plus tendre vers un désengagement, quitte même à mettre des bâtons dans les roues de l’interprofession.
Sur les 5 milliards d’euros promis par Emmanuel Macron pour relancer l’agriculture, Bruno Dupont craint ne rien voir flécher vers les fruits et légumes. Pire, le CTIFL devrait se voir amputer d’une grande partie de ses fonds Casdar (1,9 milliard d'euros).

Un dialogue rompu

À ces déceptions financières, vient s’ajouter le manque d’écoute des parlementaires. « Aucun de nos amendements proposés à la loi alimentation n’a été retenu », déplore Bruno Dupont. Notamment celui qui visait à exclure les fruits et légumes frais du dispositif classique de contractualisation. L’interprofession est d’autant plus amère que les filières sucre et vigne ont, quant à elles, obtenu un traitement différencié. Chez Interfel, c’est l’incompréhension. « On avait préparé un guide des bonnes pratiques contractuelles, qui répondait parfaitement aux spécificités du secteur du frais», estime Laurent Grandin, vice-président d’Interfel. Mais l’interprofession n’a même pas pu défendre son projet, ses demandes de dialogue avec le ministère de l’Agriculture étant restées sourdes. Interfel a décidé de son côté de rompre toute relation avec les services du ministère tant que celui-ci ne fera pas preuve d’une meilleure écoute. L’interprofession a décidé d’ignorer la convocation du ministère adressée à toutes les filières pour travailler sur la suite à donner aux plans de filière le 25 juin.
 

Interdiction des phyto : la colère gronde

Autre source d’agacement chez les professionnels des fruits et légumes : l’interdiction de l’utilisation de certains produits phytosanitaires alors qu’aucune solution alternative n’a été identifiée. « Les pouvoirs publics pensent que l’interdiction de molécules va nous faire trouver des solutions plus vite ! ». Une conception ridicule pour Interfel qui rappelle que le CTIFL travaille depuis des années sur des essais de réduction de produits phyto. Mais la recherche coûte cher et le gouvernement ferme les vannes financières. « Les producteurs sont en colère », prévient Bruno Dupont. Ils demandent qu’a minima, si une molécule est interdite en France, on refuse les importations issues de pays ayant une réglementation plus souple. Et si le gouvernement, n’est pas prêt à se montrer plus à l’écoute, les professionnels pourraient bien retenir la leçon donnée par la FNSEA. « Pour pouvoir se faire entendre, il faut bloquer des sites ? S’il le faut, nous allons reprendre ces anciennes méthodes ! », conclut Bruno Dupont. Il en faudrait peu pour mettre le feu aux poudres, et l’annonce récente faite à Interfel d’un contrôle fiscal et d’un contrôle de la Cour des comptes ne devrait pas apaiser les tensions…

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