Vers une meilleure pollinisation des châtaigniers

Dans ses recherches, Clément Larue entend aussi vérifier les exigences en pollen des principales variétés. Photo : PRILL Mediendesign/Adobe Stock
Après un déclin très important de la production durant le XXe siècle, les châtaignes sont de nouveau recherchées. Alors que la production nationale est aujourd’hui stable, autour de 8000 à 10000 tonnes, la productivité des châtaigneraies pourrait nettement être améliorée, notamment grâce à une meilleure pollinisation. Or, malgré l’importance historique de l’espèce, la pollinisation reste encore très mal connue. L’essentiel des recherches sur ce sujet date des années 1950.
On sait, par exemple, qu’il existe plusieurs types de floraison mâle : des variétés astaminées avec des étamines très courtes et très peu donneuses de pollen (voire pas du tout !) et des variétés longistaminées qui, elles, produisent beaucoup de pollen. On sait également qu’il existe une autocompatibilité pollinique et donc que la pollinisation croisée est une règle impérative.
Mais de nombreuses incertitudes subsistent sur le sujet, et Clément Larue, doctorant au sein d’Invenio et de l’UMR Biogeco, entend y répondre à travers ses travaux de recherche dont il a présenté les principaux résultats lors de la dernière édition virtuelle du Vinitech.

Les insectes, acteurs indispensables de la pollinisation

« Un exemple flagrant des mystères qui rôdent toujours autour de la pollinisation des châtaigniers est que l’espèce est, dans l’esprit du grand public, pollinisée par le vent, alors que plusieurs publications scientifiques parlent plutôt d’une pollinisation par les insectes », souligne Clément Larue.
Dans le cadre de sa thèse, il a donc mené une expérience très simple : placer un groupe d’arbres témoins sous des filets insect-proof (donc pollinisables exclusivement par le vent) et comparer les rendements à un groupe d’arbres voisins en conditions réelles (donc pollinisables aussi bien par le vent que par les insectes). Le résultat est sans appel : sous les filets insect-proof, le taux de remplissage des bogues chute drastiquement (-70% sur Marigoule et jusqu’à -91% sur Bouche de Bétizac). Autant dire que sans insectes, la production de châtaigne s’effondrerait
Le doctorant a ensuite cherché à savoir quels insectes participaient réellement à la pollinisation des châtaigniers. Pour cela, il s’est appuyé sur une méthodologie simple (car conçue pour être accessible aux amateurs) du programme de science citoyenne Spipoll géré par le Muséum d’histoires naturelles. « Il s’agit de faire un suivi photographique des insectes pollinisateurs afin de caractériser le cortège d’insectes visitant les fleurs de châtaignier. Nous avons ainsi retrouvé de très nombreux coléoptères, aussi bien sur les fleurs mâles que les fleurs femelles. En revanche, les abeilles domestiques n’ont été aperçues que sur des fleurs mâles, il semblerait donc qu’elles ne participent pas à la pollinisation », explique le doctorant.
Dans la suite de ses travaux, Clément Larue espère pouvoir étudier plus précisément la charge en pollen des insectes mais aussi reconstituer le chemin parcouru par ces mêmes insectes. Il a également étudié les meilleures combinaisons de variétés mâle/femelle en réalisant des tests de paternité assistés par des marqueurs génétiques. En corrélant ces données, il espère pouvoir proposer une meilleure conception des vergers pour en augmenter la productivité.

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