L'exploitant agricole peut gérer ses effluents phytosanitaires de deux façons: au champ ou sur site. Bien que la solution sur site semble être la moins utilisée, elle présente tout de même des avantages: confort, ergonomie, rapidité de chantier...
Sylvain Deseau, conseiller en agroéquipements à la chambre d’agriculture du Loiret, indique que "laver son pulvérisateur sur une plateforme bétonnée reste plus confortable qu’au milieu d’une parcelle de blé".
Le rinçage du fond de cuve et le lavage du pulvérisateur peuvent se faire entièrement au champ, mais aussi sur l’exploitation. Dans ce dernier cas, cela implique obligatoirement la mise en place d’une aire bétonnée. Celle-ci peut aussi être utilisée pour le remplissage du pulvérisateur, qui ne nécessite, quant à lui, pas d'aire bétonnée.
"Bien distinguer les circuits de lavage"
Pourtant, d’après Richard Guillouët, directeur du Comité interprofessionnel diagnostics, inspections et formations phytosanitaires (Crodip), "très peu d’agriculteurs gèrent leurs effluents sur leur exploitation en France". Selon lui, moins de 10% des exploitants auraient un procédé de traitement installé sur leur site.
Lorsqu’un agriculteur construit une aire bétonnée, Sylvain Deseau rappelle qu’il faut "bien distinguer le circuit de lavage d’un tracteur ou d’une charrue qui débouche dans le réseau d’eau pluviale et le circuit de traitement d’effluents phyto qui, lui, est fermé".
Réaliser un diagnostic Phytosite
Richard Guillouët appuie aussi sur l’importance d’un système de traitement lorsque l’agriculteur souhaite laver son équipement sur site: "Un gramme de matière active a un potentiel de pollution sur 10 km de cours d’eau!"
Avant de réaliser un aménagement sur leur site, les agriculteurs peuvent réaliser un diagnostic complet, avec un technicien formé. Depuis 2018, le Crodip propose un appui technique, payant, à l’aide de l’outil Phytosite.
"Confort de travail, ergonomie et rapidité de chantier"
"En quinze ans, nous avons réalisé 2.500 diagnostics en Bretagne", précise Richard Guillouët. En tout, un millier d’aménagements ont été réalisés dans la région, parmi lesquels une très grande majorité aurait été autoconstruite.
"Pour l’exploitant, l’intérêt de ces aménagements est dans le confort de travail, l’ergonomie et la rapidité de chantier", appuie le directeur du Crodip.
Une liste d’aménagements des effluents phyto, qui sont reconnus efficaces par le ministère chargé de l’Écologie, recense un total de 18 procédés.
Coût de l’aménagement: entre 22.000 et 30.000€
Parmi ces procédés, une dizaine est utilisable en grandes cultures et, d’après le directeur du Crodip, deux sont très représentés au niveau national: Héliosec et Phytobac. Le premier fonctionne par évaporation et le second par dégradation biologique, avec un mélange de paille et de terre.
La mise en place d’une dalle bétonnée et du système de traitement des effluents par une entreprise "coûte entre 22.000 et 30.000€", indique Sébastien Sallé, conseiller environnement et qualité de l’eau à la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir.
Des subventions existent
"Cette fourchette de prix inclut un décanteur, un séparateur hydrocarbures 3l/s et un système de traitement des effluents phytosanitaires de type Phytobac, continue Sébastien Sallé. Le Phytobac fait partie de la fourchette basse des coûts par rapport à d’autres systèmes. De plus, il faut prendre en compte le coût des consommables pour la plupart des systèmes, hors Phytobac."
Bien que moins nombreuses qu’il y a dix ans, des subventions existent encore pour accompagner les agriculteurs dans le financement de ces systèmes. "Les agences de l’eau peuvent financer à hauteur de 30 à 40%", indique Sylvain Deseau.
De plus, Richard Guillouët indique que des subventions existent pour le diagnostic Phytosite, qui s’élèvent de 40 à 80% selon les financeurs.
