Des marchés céréaliers dépendants d'une conjoncture mondiale incertaine

Port de Rouensilo Senalia, chargement de blé sur cargo Panamax.

Au niveau mondial, la production de blé pour la campagne 2023-2024 devrait être en recul, contrairement au maïs qui afficherait une production inédite.

Crédit photo Photoagriculture/Adobe Stock
Entre tensions au Moyen-Orient et en mer Rouge, déception concernant la croissance chinoise et compétitivité continue des origines mer Noire, les producteurs céréaliers retiennent leur souffle pour 2024. À l'occasion de sa première conférence de l'année, le 17 janvier, le conseil spécialisé grandes cultures de FranceAgriMer a dressé un premier constat et listé les points de vigilance.

Certes, certains indicateurs se sont améliorés, mais difficile, dans l'ensemble, d'être serein. Côté verre à moitié plein, la hausse continue des taux d'intérêt depuis plusieurs mois, dans le but de juguler l'inflation, commence à porter ses fruits.

Mais le prix à payer est élevé : une croissance du PIB mondial faible est à attendre cette année, selon les prévisions de la Banque mondiale. L'institution la projette à 2,4 % en 2024 (contre 2,6 % l'an dernier).

Une déception chinoise

Pis, empêtrée dans une crise immobilière, la Chine devrait voir sa richesse nationale croître de seulement 4,6 % en 2024 (contre 5,2 % en 2023), puis de 4,5 % en 2025. De quoi freiner sa demande sur nombre de marchés, dont ceux des matières premières agricoles.

Tensions géopolitiques renouvelées

À cela s'ajoutent, côté verre à moitié vide, diverses tensions : elles vont des attaques de la part des Houthis en mer Rouge, dans le sillage de la guerre à Gaza, qui pénalisent en partie le fret maritime et les flux commerciaux, à celles qui ont cours depuis deux ans du fait de l'invasion russe en Ukraine, affectant les exportations de céréales. Sans oublier les incertitudes sur l'évolution des cours du brut ni l'influence, positive ou négative, du phénomène El Niño sur les productions agricoles.

Des records attendus

Selon le dernier rapport du Conseil international des céréales (CIC), publié le 11 janvier, la production céréalière mondiale, sur la campagne 2023-2024, devrait s'afficher à des niveaux inédits, atteignant 2,3 milliards de tonnes (+ 2 % sur la campagne précédente), dont une grande partie est due à un fort rebond de la production de maïs, notamment aux États-Unis.

>>> Lire aussi : Maïs : la production américaine atteint des sommets

De fait, la production de maïs devrait augmenter de près de 6 %, à 1,2 milliard de tonnes. Quant à la consommation mondiale, « elle pourrait atteindre un nouveau pic, soutenue par des approvisionnements abondants et compétitifs qui favorisent l'utilisation en alimentation animale », précise Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucre de FranceAgriMer.

Production de blé en recul

En revanche, la production mondiale de blé tendre devrait s'afficher en légère baisse (- 1,6 % par rapport à l'année précédente) à 757 Mt, mais quand même en hausse de 21 Mt par rapport à la moyenne quinquennale, tandis que la production mondiale de blé dur a été maintenue, dans le rapport du CIC, à 31,4 Mt (- 9 % par rapport à l'année précédente).

En outre, s'appuyant cette fois-ci sur le dernier rapport du Département américain de l'Agriculture (USDA), Marc Zribi prévient que « les prévisions de l'USDA pour les semis de blé d'hiver aux États-Unis en 2024 sont de 13,9 Mha, soit moins que prévu et en baisse d'une année à l'autre de 6,2 % »

Demande mondiale accrue

Si la production totale de grains dans le monde est donc attendue en hausse, il en va de même pour la demande. Le CIC a ainsi revu sa prévision, pour la porter à 2,3 milliards de tonnes (près de 2 % de plus qu'au cours de la saison 2022-2023). De quoi faire baisser les stocks mondiaux. 

Cela dit, le commerce mondial de céréales devrait, selon le CIC, baisser de 3 % en 2023-2024, en raison d'exportations réduites de blé, de maïs et d'orge.

En outre, il reste à savoir, d'une part, comment se comporteront les prix, face au couple plus ou moins équilibré de l'offre et de la demande, en fonction du type de céréales, et, de l'autre, quels seront les pays qui tireront leur épingle du jeu en matière d'exportations.

Or dans ce domaine, les origines mer Noire, malgré les difficultés dues à la guerre, restent très compétitives.

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