Des pucerons chercheurs de variétés de betteraves tolérantes à la jaunisse

Panel de variétés de betteraves sous serre. Crédit: M. Lecourtier/Média&Agriculture

 

Éric Verjux, président du groupe Deleplanque qui organisait un symposium sur la betterave le 30 août dernier, est convaincu que "la génétique est une composante importante des solutions à apporter face à la jaunisse de la betterave. Certes elle ne réglera-t-elle pas l’intégralité de la problématique, mais au moins une partie".

Comme l’a très bien évoqué Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture à l’Inrae : "27 années de couverture insecticide «facile» avec les néonicotinoïdes ont engendré un ralentissement de la recherche sur le vecteur de la jaunisse de la betterave." De fait, il convient dans un premier temps de composer avec l’existant. En l’occurrence, identifier parmi le matériel génétique déjà existant et commercialisé celui qui montre un profil intéressant vis-à-vis de la jaunisse de la betterave.

Des variétés tolérantes déjà inscrites

Sur ce point, Éric Verjux avance une bonne nouvelle: "Parmi les variétés vendues par Deleplanque, certaines affichent déjà une tolérance vis-à-vis de la jaunisse! Dans des conditions de culture indemne de la maladie, les variétés identifiées affichent un niveau de rendement très proche des témoins des essais variétaux actuels. Et dans le cadre du screening variétal, ces mêmes variétés inoculées par le virus subissent une perte de 15% de leur rendement. Si en conditions expérimentales, la baisse de rendement est de l’ordre de 15%, on peut estimer qu’elle est de l’ordre de 10% au champ, en conditions réelles."

Un moindre impact sur le rendement qui semble acceptable au regard des dégâts causés par la jaunisse ces dernières années. De plus, trois variétés hybrides, actuellement en seconde année d’inscription et donc inscriptibles en fin d’année 2022, devraient rejoindre le catalogue des solutions génétiques, suivies potentiellement par quatre autres l’année suivante, en 2024.

Des pucerons branchés sur prise

Si les premières inscriptions valorisent la génétique existante, la filière travaille d’arrache-pied pour proposer du matériel génétique plus performant dans les années à venir, bien que le pas de temps génétique soit toujours long.

Ainsi, le projet Modefy fait appel à une technique très particulière et curieuse pour avancer sur la question. Véronique Brault, directrice de recherche à Inrae, évoque ainsi l’électropénétrographie. "La technique consiste à créer un circuit électrique entre un plant de betterave en pot et… un puceron vert du pêcher. Ce dernier est relié à un fil mis à la terre dans le pot. Quand l’insecte pique la plante, il joue le rôle d’interrupteur. L’objectif est de voir ce qui se passe quand il pique, et de caractériser la relation insecte-plante. Avec cette technique, 13 paramètres ont pu être identifiés pour estimer la sensibilité de la variété à Myzus persicae."

Le temps de salivation de l’insecte est plutôt un indicateur du rejet de la plante par l’insecte. Plus il est long, moins la plante est appétante pour le puceron. Au contraire, le temps de succion est plutôt un critère d’acceptabilité de la plante par l’insecte. Aussi manuelle et fastidieuse soit encore la technique, elle permet un premier criblage génomique des variétés de betteraves.

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