Montés seuls ou à plusieurs, les projets de méthaniseur ont la cote en France. Cultivar a rendu visite à la société Agriénergie qui produit du biogaz depuis octobre 2022 à Auros, en Gironde. Neuf agriculteurs locaux se sont associés dans ce projet, qui compte deux digesteurs. L’entreprise bénéficie de l'accompagnement de Solagro, dont l'expert Jérémie Priarollo nous donne quelques conseils sur les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive).
Pour alimenter leur méthaniseur en matière végétale, les agriculteurs associés d’Agriénergie cultivent 300 hectares de Cive par an, réparties en 200 ha de cultures d’hiver et 100 ha de cultures d’été.
Les cultures d’hiver utilisées par les associés et conduites sur un cycle long sont le seigle, le triticale et l’orge. Celles d’été, produites en cycle court, se composent principalement de maïs ou de sorgho, en particulier la variété fourragère qui est plus adaptée à la production de matière sèche.
Les Cive ont toutes « le même pouvoir méthanogène »
"La performance de la culture, en matière énergétique, est liée à son rendement en biomasse et non à l’espèce", explique Jérémie Priarollo, responsable ingénierie méthanisation à Solagro.
Ainsi, il n’y a pas de différence entre les Cive d’hiver et d’été: "Elles ont toutes un pouvoir méthanogène entre 250 et 300 m3 de méthane par tonne de matière sèche", précise-t-il. Indépendamment de l’espèce, il faudrait donc favoriser le rendement avant tout.
Récolte tardive pour favoriser le rendement
L’expert de Solagro explique que la profession se questionne sur une date de récolte plus tardive des Cive d’hiver, sans pour autant pénaliser la culture suivante. "Le seigle, semé en octobre, se récolte à la mi-mai au plus tôt pour qu’il contienne assez de matière sèche", illustre Yannick Duffau, président d’Agriénergie.
Les agriculteurs s’intéressent également aux mélanges de Cive d’hiver. Inspirés des méteils fourragers, ils seraient une "meilleure stratégie" agronomique, selon Jérémie Priarollo.
Mélanger céréales et légumineuses
En effet, au lieu d’implanter une céréale pure, il est possible de mélanger céréales et légumineuses, par exemple le triticale et la vesce. "La céréale participe à un rendement en biomasse important et la légumineuse apporte de l’azote exogène dans le sol", explique Jérémie Priarollo.
L’expert conseille toutefois de limiter à 20% la part de légumineuses dans le mélange, pour obtenir l’apport d’azote sans pénaliser le rendement.
Le « retour en grâce » des Cive d’hiver
De façon générale, les Cive d’hiver ont vécu "un retour en grâce avec la récurrence des épisodes de sécheresse ces dernières années, indique Jérémie Priarollo. En effet, avec la non-garantie d’un apport d’eau, les Cive d’été induisent une forte prise de risque".
À défaut de produire autant de rendement que les cultures d’été, l’expert en méthanisation indique que les Cive d’hiver assurent un rendement plus régulier d’une année à l’autre.
