Pareur, « un métier gratifiant »

Les pareurs sont équipés de tabliers, lunettes de protection et gants anti-coupure. « Les gants sont une nécessité, car les accidents de meuleuse sont fréquents, et sans gants, ils pourraient être graves », explique Cyril Jacquot. © A. Legendre / Terroir Est, PeopleImages.com/AdobeStock


Lorsqu’on entend parler du métier de pareur, ou pédicure bovin, c’est souvent pour évoquer les contraintes physiques du métier. Mais on entend peu ceux qui pratiquent ce métier et qui y voient aussi d’autres aspects, plus agréables : la relation avec les éleveurs, la diversité du quotidien ou encore le sentiment d’utilité après avoir soigné une vache. Focus avec deux d’entre eux, salariés d’Élevage +.

Au Gaec de la Dame de Haye, à Remoncourt, en Meurthe-et-Moselle, les pareurs, ou pédicures bovins, passent quatre à six fois par an. « On trie les vaches auparavant, pour ne passer que celles qui ont des problèmes, mais sur l’année, presque toutes les vaches sont vues par les pareurs », explique Johann Vévert, l’un des associés du Gaec. Cela fait six ans que l’éleveur fait appel à Élevage +, une filiale de Seenorest.

« Ce sont souvent les mêmes pareurs qui viennent, je préfère, que ce soit pour le suivi des vaches et la fluidité du chantier. Ils connaissent l’exploitation, savent comment je travaille », détaille-t-il.

Ce jour-là, ce sont Cyril Jacquot, pareur depuis huit ans, et Augustin Laumond, qui interviennent sur la ferme. Ce dernier vient de terminer sa formation, commencée en septembre 2022. S’il est désormais autonome, il continue de travailler en binôme avec un pareur expérimenté, pour parfaire ses compétences et pouvoir s’appuyer sur quelqu’un en cas de questions.

« Il faut un an pour devenir un bon pareur, estime Cyril Jacquot. Le métier est technique, il faut apprendre à reconnaître les maladies et comment les traiter, il faut aussi apprendre les gestes et ne pas commettre d’erreurs, car les pattes, c’est primordial pour la santé des vaches. »

Un métier ouvert à tous

Malgré cette technicité, pour Cyril Jacquot, « c’est un métier ouvert à tous, il faut juste aimer les vaches, le contact avec les éleveurs et être capable de travailler de manière précise, c’est au millimètre près ! » De plus, avec une demande croissante de la part des éleveurs, le métier recrute. En début de carrière, les jeunes débutent au Smic. À la rémunération s’ajoute une prime par chantier réalisé et une par heure de travail effective.

Avec les primes, la rémunération de Cyril Jacquot est d’environ 2 000 €/net par mois, un salaire qui le satisfait. Il estime qu’il pourrait gagner plus en tant que pareur indépendant, mais apprécie de n’avoir à gérer ni le planning, ni les stocks de matériels, et d’avoir des collègues avec qui travailler. « On s’entend bien, et ça, c’est très important », ajoute-t-il en souriant.

Sur les pattes avant (comme ici), le parage est
avant tout fonctionnel, pour éviter les boiteries.
Ce sont les pattes arrière qui concentrent le plus
de pathologies, pour lesquelles le parage
curatif est plus long.

Le pareur invite d’ailleurs ceux qui seraient curieux à « venir pour une journée de découverte ». L’idée : suivre un pareur pendant une journée, pour se faire une idée du métier, et voir s’il pourrait leur convenir. Ensuite, « si la personne décide de nous rejoindre, nous ne la laissons jamais toute seule. Au début, elle observera ce que le pareur expérimenté fait, et s’occupera les actions réalisées sur notre logiciel de suivi à l’aide d’une tablette. Petit à petit, elle pourra s’occuper d’une patte, puis deux et ainsi de suite, explique Cyril Jacquot. De cette façon, la personne prend confiance. C’est à la fois rassurant pour elle, mais aussi pour l’éleveur qui peut être réticent à ce qu’un pareur fraîchement recruté s’occupe de ses vaches ».

Ce parcours, Cyril Jacquot l’a suivi à son arrivée il y a huit ans. Issu du milieu agricole, il a exercé d’autres métiers auparavant, comme celui de chauffeur poids lourd. Il a découvert le métier de pareur un peu par hasard. « J’ai vu que l’entreprise recrutait, je me suis dit “pourquoi pas ?” », raconte-t-il. Mais le hasard fait parfois bien les choses, puisqu’aujourd’hui, lorsqu’on lui demande ce qu’il aime et ce qu’il aime moins dans son travail, le pareur a bien du mal à trouver des points négatifs.

« J’ai 49 ans, un métier que je n’aime pas, je ne le ferai pas », confesse-t-il.

Pourtant, on pense tout de suite à l’idée d’un métier très dur physiquement. Pour Cyril Jacquot, « c’est vrai que c’est un métier physique, mais comme
beaucoup de métiers, qui ont tous des contraintes différentes ».


Pour lui, l’important est d’adopter de bonnes habitudes et postures de travail, mais aussi de posséder des outils adaptés et bien aiguisés. « Il ne faut pas chercher non plus à aller trop vite, l’important c’est de bien faire », estime-t-il.

En moyenne, il soigne entre 5 et 6 vaches par heure. De plus, ce gaucher a également appris à se servir de sa main droite, ce qui équilibre les contraintes liées aux gestes répétés.

Un impact sur tout le système

Un autre point pourrait rebuter dans le métier : les horaires, que les pareurs ne choisissent pas. Et lorsqu’on ajoute au temps des chantiers, les temps de déplacement et l’indispensable lavage des outils et matériels entre deux élevages, les journées peuvent être longues. Toutefois, cet aspect ne semble pas déranger Cyril Jacquot, qui s’épanouit dans son métier.

« Les journées ne sont jamais les mêmes et il y a un côté relationnel que j’aime beaucoup. Nous ne sommes jamais seuls, puisqu’il y a toujours au moins l’éleveur avec nous, avec qui on peut échanger sur les pathologies des vaches. Nous nous rendons dans certains élevages chaque mois. À force, nous connaissons bien le système, et lorsqu’un changement intervient, on le voit tout de suite sur les pattes », détaille le pareur.

« Nous voyons beaucoup de systèmes d’élevages différents, cela peut être un bon tremplin pour quelqu’un qui veut s’installer, ajoute son collègue Augustin Laumond. Et puis, c’est un métier très gratifiant, car nous améliorons la santé des vaches, et avec ça, tout le système. C’est sûr, les vaches n’arrêtent pas de boiter juste après notre intervention, il faut plutôt compter une semaine, mais nous avons souvent de bons retours des éleveurs, qui ont vu des améliorations après notre passage. »

Une affirmation que confirme Johann Vévert, « des vaches qui marchent, ce sont des vaches qui vont mieux, qui mangent plus, qui produisent plus et dont la reproduction se passe mieux ».

Alors, pour l’éleveur qui consacre environ 10 000 € par an au parage, c’est une somme bien dépensée.

« C’est un métier hypertechnique, je préfère le laisser à des personnes formées pour. J’en fais un petit peu, pour dépanner entre deux passages, mais à somme équivalente, je préfère inséminer moi-même que parer », explique l’éleveur.

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