Réenchanter et démystifier l’innovation

Semences AB, une opportunité pour la filière. De g à d, Christiane Lambert, Rémi Haquin, Jérôme Fillon et Nicolas Bouzou. Photo : Gnis

À l’initiative du Gnis, se sont réunis le 7 avril dernier 150 acteurs de la filière semence céréales à paille et protéagineux sous la présidence Thierry Momont. Parmi les thématiques abordées, l’innovation et l’agriculture biologique. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA, Nicolas Bouzou, économiste et essayiste, et Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, étaient les grands témoins de cette matinée d’échange.

Concernant l’innovation, les échanges ont notamment porté sur la question des hybrides qui, pour David Gouache, directeur scientifique d’Arvalis-Institut du végétal, est un marché en développement pour les céréales à paille.

« Sur le plan technico-économique, le différentiel de rendement permet d’assumer le surcoût de la semence. »

Les variétés hybrides sont le résultat d’investissements majeurs en biologie moléculaire, grâce notamment à la révolution liée aux marqueurs moléculaires. « L’obtention de ces hybrides est permise grâce au développement d’outils qui permettent de modifier le système génétique sans ajout de génétique extérieure », vulgarise pour sa part Raphaël Dumain, responsable mondial R&D chez Bayer, pour les facteurs permettant d’accroître les rendements.  

Mais si le potentiel d’innovation est indéniable, la position réglementaire freine par ailleurs les applications, et sur ce point Nicolas Bouzou insiste :

« Il faut réenchanter l’hybridation. Il est évident pour vous que l’agriculture est hautement technologique, mais l’opinion a une vision romantique de l’agriculture. C’est elle qu’il faut convaincre, et le politique suivra. »

AB : 5% de la SAU française

Concernant la filière agriculture biologique, il a été rappelé par l’intermédiaire de Jérôme Fillon, responsable semences bio chez Axéréal, que la sélection variétale était relativement satisfaisante et profite pleinement de la sélection réalisée dans le secteur non bio (variété Renan, par exemple). Cependant, les producteurs sont en attente de variétés de blé tendre à haut niveau de protéines. Ils sont un peu limités dans leur choix de variétés. Certains agriculteurs bio ont ainsi recours à des variétés non bio, ce qui est possible par dérogation. De son côté, Christiane Lambert, endossant sa casquette de producteur, rappelle aussi le manque de disponibilité de mélanges variétaux en AB.

Néanmoins, elle note que la demande en produit bio est croissante et qu’il faut répondre à cette demande.

« Les agriculteurs bio changent de visage aussi, le pragmatisme remplace l’idéologie et c’est une très bonne chose. Je considère que les choses s’additionnent et ne s’opposent pas. »

Même son de cloche pour Nicolas Bouzou :

« Tout doit coexister. Autour du bio, il y a une vraie crise identitaire entre le bio originel et celui qui considère que c’est un marché complémentaire qu’il faut organiser et industrialiser. Il faut surtout cesser de catégoriser. »

Une posture largement défendue par Dominique Potier en conclusion :

«  Il faut écarter l’obscurantisme au nom de présupposés qui éloigneraient des solutions. Il faut trouver des systèmes hybrides pour être plus justes, et n’écarter aucune technologie. »

Il a réitéré par ailleurs la nécessité de défendre le modèle de certificat dobtention végétale (COV) contre le système anglo-saxon du brevet :

« Le modèle français est une voie à revendiquer et à approfondir. »  

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