2050 face à l’enjeu de la propriété intellectuelle

Pierre Pagesse, président du Gnis, est intervenu avec d'autres experts lors de la conférence internationale qui positionnait la semence comme une réponse aux défis alimentaires. Photos : I. Aubert et A. Lavoisier / Pixel Image

Du 1er au 15 octobre, le Gnis organisait une exposition « La semence, la solution » au pavillon France à l’Exposition universelle de Milan. Le dernier jour, elle organisait une conférence internationale qui positionnait la semence comme une réponse aux défis alimentaires.

« L’objectif à atteindre, tout le monde le connaît, a résumé Pierre Pagesse, président du Gnis. En 2050, nous serons sur Terre plus de 9 milliards d’humains, qu’il faudra nourrir. Et ceci, qui plus est, dans un contexte de changements climatiques. Si on en croit les fatalistes de tous bords, ce défi est irréalisable. Mais pour moi, il l’est. »

En effet, la FAO estime qu’il faudra accroître la production de nourriture de 60 à 70% d’ici 2050 pour y parvenir : « Et cela doit se faire avec la même surface, a précisé William Murray, directeur adjoint du département de la production végétale et de la protection des plantes de la FAO. Il faudra travailler la terre de façon plus intensive. »

Pierre Pagesse relativise cette hausse de 70% : « mes calculs m’indiquent que cela équivaut à accroître la production de 70kg par hectare sur l’ensemble de la surface céréalière de la planète, qui s’étend sur 700 millions d’hectares environ ». Le président du Gnis regarde dans le rétroviseur pour, là encore, relativiser le challenge : « en 40 ans, nous avons doublé la production planétaire sur des surfaces constantes, et les progrès n’ont été faits que sur la moitié de la surface. Alors, est-ce que nous pouvons continuer ? Bien sûr ! Prenons l’exemple du maïs, qui a dépassé cette année la barre du milliard de tonnes produites dans le monde : ses rendements se hissent à 11 t/ha aux États-Unis, contre 2 t/ha en Afrique. La marge de manœuvre est considérable ».

Cinq conditions doivent toutefois être réunies, indique Pierre Pagesse : des infrastructures et des circuits de distribution pour les intrants et les récoltes ; un ensemble de pratiques agronomiques appropriées ; une visibilité pour l’agriculteur sur les prix et son revenu ; un accès facilité pour les semenciers aux nouvelles technologies de sélection ; et la mise en place d’un système de propriété intellectuelle adapté, qui donne l’espoir d’un retour sur investissement et ne bloque pas l’accès aux ressources génétiques. 

« Car si vous attendez que Mère nature vous délivre de nouvelles variétés avec un progrès génétique majeur, vous allez attendre longtemps », a indiqué Peter Button, vice-secrétaire général de l’Upov. Cette structure a été créée afin de fournir un environnement de protection des variétés. Elle encadre le certificat d’obtention végétale qui prône l’exception du sélectionneur : ce dernier peut utiliser toute nouvelle variété sous COV dans ses travaux de recherche sans avoir à en informer l’obtenteur, et ainsi créer ensuite de nouvelles variétés. De même, il reconnaît l’exception de l’agriculteur, qui peut ressemer une partie des graines récoltées issues d’une variété COV.

Si le COV est bien utilisé dans certaines zones, il peine toutefois à se déployer dans d’autres. Ce que déplore William Murray, de la FAO : « Il faut soutenir les sélectionneurs et leur donner un environnement légal qui préserve à la fois leur propriété intellectuelle et aussi le droit des agriculteurs. » Et le président du Gnis de préciser : « Les deux systèmes en place – brevet et COV – doivent cohabiter intelligemment. Il convient de différencier l’invention, soumise à brevet, de la découverte, concernée quant à elle par le COV. » Ou comment, pour nourrir la planète, il faut d’abord répondre aux enjeux de propriété intellectuelle dans le domaine des plantes.

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