Le prix de l’électricité a baissé en 2023 après des niveaux jamais atteints en 2022. Selon Estelle Martinet, consultante en énergies, le prix de l’électricité restera tendu jusqu’en 2027. Elle conseille donc d’anticiper les négociations afin d’aller chercher de la compétitivité sur les prix en 2024 et 2025.
Sur la période d’octobre à novembre 2022, le prix de l’électricité en heures pleines en hiver a atteint 800 € le mégawattheure. « Pour 2023, le prix a baissé, indique Estelle Martinet, consultante énergies grands comptes chez Dune Energie et apporteuse d’affaires. Cependant, les personnes ont davantage anticipé et les prix ont augmenté pour 2024-2025. » Son objectif est de trouver des prix moyens pondérés sous la barre des 400 €, idéalement à 350 €. Pour l’hiver 2023, les prix seront donc encore élevés.
Renégocier pour juin
Elle conseille d’anticiper et de préparer au plus vite les négociations pour des contrats qui arriveront à échéance en juin prochain, afin d’aller chercher de la compétitivité sur 2024-2025. « Nous pouvons aller chercher des prix, car nous connaissons l’offre et la demande, détaille Estelle Martinet. Nous avons des CAL, des prix pour des trimestres ou des semestres. Plus nous anticipons, plus les prix pour 2024, 2025 et 2026 seront bons. »
Certains responsables se sont réveillés début décembre 2022 pour leur renouvellement de contrat en fin d’année, avec un prix multiplié par cinq, voire dix. « En 2022, la plupart des fournisseurs avaient déjà vendu leur volume dès septembre, précise-t-elle. En décembre, il restait deux ou trois fournisseurs. » Autant s’y prendre au plus tôt afin d’éviter les mauvaises surprises.
Des dépôts de garanties pour des renouvellements
Depuis deux ans, les prix de l’électricité ne sont plus aussi compétitifs. Le challenge d’Estelle Martinet est d’obtenir les meilleurs prix. « Et cela devient compliqué, car les fournisseurs font des contrats de deux, voire trois ans au maximum », détaille-t-elle. Avant, les contrats allaient de trois à quatre ans, afin d’anticiper et commander des volumes.
À lire également : "Le Naca gère des achats groupés d’électricité et de gaz pour 40 négoces"
Désormais, « les fournisseurs demandent le bilan de la société, ils veulent de bons chiffres, ils font appel à plusieurs assurances crédit, précise-t-elle. Ils demandent des dépôts de garanties même à leurs clients pour leur renouvellement ». Elle négocie déjà des contrats arrivant à échéance en fin d’année 2023 pour 2024 et 2025. Pour un de ses clients, une entreprise qui a un bilan correct, le fournisseur demande un dépôt de garantie de 30 % de la consommation annuelle.
Pas de nouveaux clients
Une autre difficulté s’ajoute dans les négociations : certains fournisseurs ne prennent plus de nouveaux clients : « Depuis deux ans, des fournisseurs ne prennent plus de nouvelles conquêtes, et même les renouvellements sont compliqués. Cela fait six mois qu’on en parle, mais la crise a commencé il y a deux ans. »
Mais quels sont les facteurs d’ajustement du prix de l’électricité ? Le climat en est un. « Habituellement, l’hiver n’était pas la meilleure période pour renégocier, évoque Estelle Martinet. Avant on négociait entre avril et fin août, sauf en 2022, où les prix étaient plus chers à l’été qu’en hiver. » Un autre facteur : l’état du parc nucléaire français. Il est vieillissant, avec beaucoup de maintenance des centrales et un manque de ressources. « Une centaine d’Américains experts du nucléaire ont formé des techniciens français pendant six mois », informe la consultante. Finalement, la moitié des réacteurs français seront utilisés en 2027, contrairement à ce qui a été annoncé pour 2025. « Jusqu’en 2027, le prix de l’électricité va être tendu », stipule-t-elle.
