La ferme pilote du groupe Carré est une oasis de biodiversité : différentes sortes d’insectes comme des abeilles à chaussettes côtoient une multitude de plantes telles que l’épilobe, le mélilot blanc ou la brunelle vulgaire, typique des prairies humides. Certaines de ces espèces sont sauvages, d’autres sont implantées sur les parcelles de la ferme du groupe Carré. Un maillage du territoire est nécessaire pour nourrir les pollinisateurs. Avec différentes formes : une bande tampon, une haie, un fossé ou une jachère apicole. « Les abeilles manquent de nourriture après la floraison des colzas », explique Philippe Lecompte, apiculteur et président du Réseau biodiversité pour les abeilles. C’est pourquoi des éléments annuels ou bisannuels, par exemple des bandes de jachères de 80 m², prennent le relais des haies pour lesquelles la floraison se termine tôt. « Le noisetier fleurira en premier et le troène en dernier », précise l’apiculteur.
Les agriculteurs ont donc un rôle à jouer sur ces aménagements. L’objectif du groupe Carré est de faire prendre conscience aux agriculteurs de cet enjeu et de montrer que quelques aménagements suffisent. « Ces espaces sont faciles à trouver sur une exploitation agricole, comme quelques mètres carrés sous un pylône électrique, évoque Rémi Humez, responsable de la ferme pilote du groupe Carré. L’importance est de connecter ces différents éléments entre les cultures. »
Ces aménagements répondent à la réglementation et aux futures surfaces d’intérêt écologique (SIE). « Un hectare de luzerne comptera pour 0,7 ha de SIE », indique Philippe Lecompte. Et les agriculteurs ont besoin de ces pollinisateurs pour certaines cultures comme les oléoprotéagineux et la luzerne. « 16 % de la production du colza dépend des abeilles sauvages et domestiques », souligne-t-il.
Le choix des espèces est à réfléchir, car toutes n’ont pas la même attractivité. Le trèfle blanc compte 10 000 abeilles par hectare, quand la vipérine en compte 850 000 et la phacélie 600 000. L’accompagnement du groupe Carré est basé sur le raisonnement de ces espaces dans une logique de rentabilité économique de l’exploitation. Les fourrières (ou tournières) affichent une perte de rendement sur l’écran des moissonneuses. Autant les valoriser autrement et cultiver une image positive de l’agriculture ! Un diagnostic « biodiversité » est réalisé chez les agriculteurs par Rémi Humez. Une demi-journée est nécessaire afin de parcourir l’ensemble des parcelles et discuter avec les agriculteurs. Et s’assurer que les SET implantées en 2010 seront toujours adaptées aux SIE de demain.