Gilles Lemaire, directeur de recherche honoraire à l’Inra, et correspondant de l’Académie d’agriculture de France, estime que les coopératives doivent s’impliquer dans la mise en place d’échanges entre éleveurs et céréaliers à l’échelle de leurs territoires, d’autant plus que c’est une source de valeur ajoutée. C’est ce qu’il a déclaré lors du salon Mécaélevage à Bressuire le 19 juin lors du débat « Développer les complémentarités entre éleveurs et céréaliers ».
Des échanges de paille, de fumier, de foin de luzerne se font déjà entre voisins, mais l’enjeu demande d’être plus ambitieux. Le problème de l’agriculture n’est pas son intensification, mais sa trop faible diversité au niveau des cultures et des rotations. On ne valorise pas suffisamment le bénéfice pour les céréaliers d’allonger leurs rotations : l’économie d’azote, de désherbants, le déplafonnement des rendements. La spécialisation des territoires comme dans le bassin parisien ou en Bretagne conduit à des impasses environnementales et parfois économiques.
En Poitou-Charentes, nous allons inexorablement vers cette situation si rien n’est fait. L’élevage caprin risque de quitter la région pour les Pays de la Loire ou la Bretagne. Certaines portions du territoire sont en train de basculer dangereusement et il sera très difficile de revenir en arrière. Dans le sud des Deux-Sèvres, l’élevage caprin importe 50% de sa luzerne depuis la Marne ou l’Espagne : il serait peut-être intelligent que cette luzerne soit produite par des exploitations céréalières de la région ?