Un guide des bonnes pratiques de gouvernance pour les coop

Dominique Chargé, président de Coop de France, et Arnaud Degoulet, président de Coop de France agroalimentaire. Photo O.Lévêque/Pixel6TM

D’après une enquête Coop de France réalisée en 2018 auprès de 4 800 personnes, 70 % des répondants se disent proches de leur coopérative, mais un tiers d'entre eux affirment ne pas y être assez entendus. L’enjeu de la gouvernance est donc fort pour les coop, tout comme celui de la compétitivité, a détaillé Dominique Chargé, le nouveau président de Coop de France hier lors d’une conférence de presse. La sortie du guide de bonne gouvernance devra faire bouger les lignes, espère le syndicat professionnel.

Les temps sont assez durs dans le secteur agri-agro français, avec une perte de compétitivité globale, malgré un solde positif en 2018 de + 8 milliards d’euros, en hausse de 21 % par rapport à 2017, mais encore loin des 11 à 12 milliards d’excédent entre 2011 et 2013, a souligné Dominique Chargé, président de Coop de France et administrateur au sein de Terrena. Le marché mondialisé des produits agri-agro oblige les entreprises françaises à être fortement compétitifs pour continuer de peser dans les échanges, a poursuivi le producteur laitier et éleveur de volailles :

« Aujourd’hui, 4 litres de lait sur 10 et 50% de nos céréales sont exportés. La situation est très disparate : entre des secteurs à bons résultats comme celui du vin et des spiritueux ou celui des produits du terroir, et des secteurs enregistrant des pertes de performance (incluant des importations croissantes) comme ceux des produits bruts agricoles et des produits de première et de deuxième transformations. La France perd notamment sur le marché européen, qui représente pourtant 63 % de ses exportations, au profit de l’Allemagne mais aussi de la Pologne, qui est devenu leader en production de volaille, par exemple.

 
Négociations commerciales difficiles

En cette période de négociations commerciales, Arnaud Degoulet, à la fois président de Coop de France agroalimentaire mais aussi président d’Agrial, a souligné que le prix était encore l’unique levier des négociations, au détriment des enjeux de création de valeur (innovation, RSE, origine, qualité), avec des demandes de déflation et des risques de déréférencement. Coop de France a tout de même rappelé son soutien aux EGA, et veut croire que, comme cela fonctionne sur les produits laitiers en ce moment, la remontée des prix et la reconquête de la valeur restent possibles pour davantage de produits agroalimentaires.

Outre l’enjeu de la compétitivité, celui de la gouvernance au sein des coopératives est majeur. Ayant organisé « en avance leur propre grand débat coopératif », comme l’a souligné Dominique Chargé, Coop de France a fait une enquête auprès de 4 761 personnes à l’été 2018 (élus, agriculteurs coopérateurs, salariés). Résultats : 70 % des répondants se disent proches de leur coopérative, dont 36 % très proches, 77 % des adhérents considèrent que le modèle coopératif répond aux enjeux de demain pour retrouver de la compétitivité, mais 32 % des répondants affirment que leur voix n’est pas assez entendue… « À travers l’évolution de nos coopératives, une distance et un sentiment d’éloignement entre l’adhérent et sa coop ont pu être ressentis. Ces sentiments se sont développés. Un travail sur la proximité et la transparence doit être fait », reconnaît Arnaud Degoulet, qui précise que le problème n’est pas associé uniquement aux grosses coopératives, et que la poursuite des fusions de coop devrait se poursuivre pour maintenir leur compétitivité.

 
Pas de contraintes, mais des autocontrôles

Répondant également à l’ordonnance de la loi ÉGalim sur les relations entre les coopératives et les adhérents, Coop de France vient donc de sortir son guide de bonne gouvernance, afin de « formaliser les meilleures pratiques déjà existantes pour les généraliser, et évaluer et rendre visibles celles qui sont bonnes », précise Dominique Chargé. Neuf chapitres détaillent les pistes d’amélioration continue : animation démocratique des AG, animation territoriale des coopératives, charte de gouvernance, fonctionnement du conseil d’administration, formation des administrateurs, comités d’audit et de rémunération, renouvellement et représentation des femmes des générations dans les organes de gestion et, enfin, un chapitre sur les salariés administrateur.

Si ce guide de gouvernance va être remis à l’ensemble des membres de Coop de France, aucun objectif ni aucune échéance pour atteindre des résultats ne sont fixés. Cependant, Dominique Chargé se veut confiant : 

« Cette V1 du guide de recommandation, validée par le HCCA - Haut conseil à la coopération agricole -  sera accompagnée de dispositifs d’autocontrôle. Annuellement, des comités spécifiques au sein de chaque coopérative, composés d’adhérents, pourront contrôler le respect des grands principes coopératifs et vérifier et mesurer les progrès liés aux axes choisis dans le guide pour améliorer leur gouvernance. » 

 

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