2020 aura été une année marquante, avec une première vendange pour les neuf agri-viticulteurs de la coopérative Bourgogne du Sud qui se sont engagés dans un partenariat avec le négociant Boisset pour la mise en place d’un vignoble « innovant ». Implanté en zone céréalière, il vise à la production de vin de base pour les mousseux.
Neuf adhérents de la coopérative Bourgogne du Sud, céréaliers-éleveurs, se sont lancés dans l’aventure de ce vignoble innovant. Un contrat de 18 ans (15 ans de production), matérialise le partenariat entre le groupe Boisset, la coopérative Bourgogne du Sud et les exploitants. Chaque exploitation a financé sa plantation, mais le projet est bien mené collectivement.
« Le projet, entrepris par mon prédécesseur Michel Duvernois, vise à apporter de la valeur ajoutée sur les exploitations. Entre les incertitudes climatiques et celles des cours mondiaux, nous sommes toujours à la recherche de diversification pour nos adhérents. Produire localement a également du sens », précise Christophe Marcoux, directeur de la coopérative Bourgogne du Sud.
60 hectares ont été plantés en 2018 sur deux zones en chardonnay, en colombard et en ugni blanc, trois cépages qui ont fait leurs preuves pour produire des vins de bases de qualité. Cinq hectares de cépages « expérimentaux » (11 cépages) ont également été mis en place, notamment des cépages du Sud pour voir ce qu’ils donnent dans ce secteur, à la fois agronomiquement et gustativement, mais aussi des cépages plus classiques pour la région (pinot noir, notamment), pour observer leur comportement dans ces secteurs de plaine. En effet, l'une des grandes particularités de ce vignoble est sa localisation en Bresse sur les communes de Saint-Loup-Géanges et de Pierre-de-Bresse, en dehors de la zone d’appellation des vins de Bourgogne.
« La production de ces 60 ha est essentiellement destinée à remplacer nos importations de vin en provenance d’Espagne pour l’élaboration de vins mousseux sous la marque Charles de Fère. Nous achetons chaque année à l’étranger entre 20 000 à 30 000 hl. Nous trouvions intéressant de relocaliser cette production en France. Notre site de production de Nuits-Saint-Georges est situé à seulement une vingtaine de kilomètres d’ici », explique Marcel Combes, directeur de l’activité Boisset Effervescence.
Ces vignobles « innovants » sont conduits comme des « formules un » et sont pilotés avec précision : écartement des rangs, enherbement, conduite en cordon en vue d’une mécanisation de la taille, fertirrigation, utilisation d’un pulvérisateur à panneaux récupérateurs, etc. « L’objectif est bien d’avoir un vignoble compétitif en matière de production et de coût, donc tout a été réfléchi en amont, à commencer par la taille des parcelles, d’un seul tenant, de façon à optimiser les investissements en matériel. La production attendue est de 150 à 250 hl/ha, c’est le niveau nécessaire pour être viable économiquement compte tenu de la concurrence internationale sur ce type de vin », précise-t-il. Pour 2020, la première vendange (troisième feuille) n'est évidemment pas de ce niveau, mais elle est conforme aux prévisions.
« À terme, le projet est d’atteindre 180 ha dans le Val de Saône, implantés en différents endroits de façon à répartir les risques sur le plan climatique », conclut Marcel Combes.
