Arterris mise sur des contrats tripartites rémunérateurs

De gauche à droite : Christian Reclus et Jean-François Naudi, respectivement directeur et président du groupe Arterris. Photo : Arterris

Si son chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros est stable sur le dernier exercice 2022 (fonds propres 203 M€, dette financière de 65,5 M€ et Ebitda de 25,4 M€), le groupe Arterris a insisté lors de la conférence de presse du 9 février vouloir « redonner du sens à l’acte de production », et « relever le défi de la souveraineté alimentaire » sur ses territoires d’Occitanie et région Sud.

« En dix ans, l’Occitanie enregistre un recul de 110 000 ha de céréales et oléoprotéagineux au profit de jachères et prairies, et 70 000 ha pour la région Sud », s’est alarmé le président Jean-François Naudi, précisant que 260 M€ du chiffre d’affaires provient des céréales. « Il est encore temps d’agir, si nous voulons au moins freiner le mouvement de déprise agricole en cours, et défendre la souveraineté alimentaire de notre territoire et empêcher sa désertification », a complété Christian Reclus, le directeur.

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Pour preuve, les dirigeants du groupe, fort de 15 000 adhérents et 2 300 salariés, ont insisté sur des initiatives au sein de son pôle agricole, pour répondre aux grands défis actuels et futurs liés au dérèglement climatique, au changement des modes de consommation et aux diverses crises économiques et sanitaires qui impactent le secteur. « Il convient d’aller au-delà des relations clients-fournisseurs et développer des contrats tripartites pour lier le producteur, la coopérative et l’industriel client dans une approche en système, autour des valeurs de qualité et de local », a précisé Christian Reclus.

Une filière blé dur en déploiement

Plusieurs exemples témoignent de cette ambition. Premier collecteur français de blé dur, Arterris s’est engagé depuis 2016 avec Panzani, dans une démarche Blé responsable français (BRF), afin de développer une filière française de qualité pour le blé dur. En 2022, 10 % des producteurs Arterris sont acteurs de cette démarche, pour 15 % de la collecte de blé dur de la coopérative. Des chiffres que le groupe espère doubler dès 2023« C’est un surplus de 12 euros/t au producteur, et 8 euros/t pour la coop, ce qui au final n’est quasi pas perceptible sur le prix des pâtes », insiste le directeur.

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Sur le blé tendre, la coopérative déploie sa filière CRC et se félicite de la reprise de deux moulins permettant de valoriser des farines transformées localement en Ariège et en Aude au sein de ses propres moulins. Sur les 250 000 t de blés collectés, 100 000 t doivent partir cette année vers ces deux moulins. « Ce n’est rien à l’échelle nationale, mais cela pèse positivement à l’échelle locale », ont défendu les dirigeants.

Défendre le riz camarguais

Le riz de Camargue représente également un enjeu de souveraineté dans le contexte actuel. Un tiers du riz conventionnel est collecté par Arterris, et 90 % du bio grâce à son association avec Biosud. Depuis 2005, le partenariat liant Arterris à la société Vivien Paille, spécialiste de la transformation et du conditionnement des riz, tente de mobiliser les producteurs autour de la culture, dans le cadre d’une demande forte en IGP destiné à l’étuvage. « Il est important de re-communiquer sur une offre de riz en origine France », avance Christian Reclus.

Le sorgho est une autre filière visée par Arterris, en particulier pour répondre au manque d’eau de plus en plus pénalisant pour les cultures estivales. Près de 530 agriculteurs adhérents sont engagés dans cette production, soit 27 000 tonnes (dont un tiers est destiné aux usines d’alimentation animale d’Arterris), et la coopérative espère là aussi un doublement rapide des surfaces. « Sur ces filières, il est important de pouvoir fixer à l’avance un prix, dans une démarche tripartite, et se déconnecter du marché mondial, insiste le directeur. Les lentilles, pois chiche et haricots sont aussi des cultures à retravailler dans ce sens. Mais en pois chiche, après être monté à 9 000 t, nous sommes descendus à 1 000 t, avec une production pénalisée par des cours mondiaux trop bas ! »

Légumes et amande en nouvelles diversifications

Enfin, outre l’axe de développement stratégique sur les légumes frais, en particulier le développement des volumes de carottes, navets et asperges à travers le recrutement de nouveaux producteurs (une quinzaine de producteurs de légumes racines recherchés dans les départements 34, 30, 84, 13 et une dizaine pour l’asperge dans le département de l’Aude et les cantons voisins), Arterris tente l’aventure de l’amande. En 2022, la coopérative a intégré à hauteur de 8,5 % le capital de la Compagnie des Amandes, pour relocaliser cette production dans le bassin méditerranéen. La mise en place d’une organisation de producteurs de la filière amande française est au programme d’ici la fin du 1er trimestre 2023.

Du côté de l’activité productions animales, qui pèse 101,4 M€, Arterris tente de soutenir des filières d’excellence locales dans un contexte multi-crises : développement des agneaux sous la mère pour consolider son OP ; bœuf sous la marque premium Occitalia ou porc Pyreneus.

 

Chiffres clés

CA de 1,2 milliard d'euros en 2022, sur trois pôles : distribution (56 M€), agroalimentaire (409 M€) et agricole (738 M€)

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