Les opérateurs attendent les conversions

Les incertitudes sur les aides au maintien ont secoué la filière bio ces derniers jours. L’instabilité politique inquiète la filière. En revanche, du côté du marché, les perspectives sont plus encourageantes… à quelques conditions près. Le point de vue d’Axéréal Bio, Bio Bourgogne Cocebi et Agribio Union.

Le bio ne connaît pas la crise en France malgré un pouvoir d’achat des consommateurs en berne. Ce marché devrait atteindre 5 milliards d’euros en 2014, soit une croissance globale estimée à 10%. Face à la hausse de la demande, la production n’est pas encore au rendez-vous, notamment en grandes cultures. Celle filière est largement déficitaire. En 2013, la part des importations dans les utilisations françaises était de 30% des volumes de céréales, 90% des graines de colza et 45% des tourteaux de soja. Le marché semble donc favorable à une nouvelle vague de conversion. De nombreux acteurs de la filière appellent d’ailleurs de leurs vœux un développement afin de réduire le recours à l’importation. Les prix sont dans l’ensemble en effet rémunérateurs et stables depuis quelques années. Mais est-ce qu’une nouvelle vague de conversion ne serait pas de nature à bousculer cet équilibre ?

Plusieurs OS spécialisés semblent penser que le marché peut accueillir d’importants volumes supplémentaires sans être déstabilisé durablement, et ils s’y préparent.

 

Axéréal Bio

Gilles Renart, directeur général Axéréal Bio. Photo : S.Seysen/Pixel image

 

« La filière me semble prête aujourd’hui à gérer une augmentation significative de la production de céréales bio, assure Gilles Renart, directeur général d'Axéréal Bio. Les meuniers français jouent pleinement la carte de la production française. Pour preuve, ils ont accepté de s’adapter et de rester fidèles à l’origine France malgré les problèmes de qualité de 2014. Les fabricants d’aliments du bétail proposent de leur côté des contrats pluriannuels qui sécurisent les producteurs. Au niveau d’Axéréal, notre structure mixte bio/conventionnel nous donne les moyens logistiques pour gérer une augmentation de volumes. Actuellement, 3 silos sur 250 sont dédiés au bio. Si un nombre significatif de nos adhérents se convertit, nous pourrons assez facilement faire évoluer ce ratio. Les organismes de développement de la région Centre estiment qu’entre 10 à 15 000 tonnes supplémentaires pourrait être produites en bio dans les prochaines années. C’est environ un tiers de notre collecte bio actuelle mais nous avons tout à fait la capacité de l’intégrer. Nous sommes même clairement favorables aux conversions et à l’augmentation de la production. Bien sûr, nous ne sommes pas à l’abri de quelques à-coups sur certains marchés, en particulier sur les volumes en C2 (production en deuxième année de conversion) mais cela restera ponctuel. »

 

Bio Bourgogne Cocebi

Jean-Marie Pautard, président Bio Bourgogne Cocebi. Photo : DR.

« L’arrivée de nouveaux volumes en grandes cultures bio ne nous effraie pas, affirme également Jean-Marie Pautard, président de la coopérative Bio Bourgogne Cocebi. Des débouchés existent pour toutes les cultures de la rotation. Cette période de développement se traduira peut-être par quelques ajustements ponctuellement mais la filière a besoin de ce développement pour assurer son avenir et satisfaire le consommateur avec une origine française. Je suis en revanche inquiet des menaces qui pèsent sur les aides au maintien. Ces aides n’existent que depuis quatre ans et me semblent déjà remises en cause car il n’est pas sûr que toutes les régions disposent d’un budget suffisant pour à la fois augmenter l’aide à la conversion comme prévu et poursuivre les aides au maintien. Les producteurs bio de nombreux pays européen bénéficient depuis longtemps de ce soutien et nous avons souffert par le passé de cette distorsion de concurrence qui leur permettait d’arriver sur nos marchés à des prix inférieurs parfois de 50€/T. »

 

Agribio Union

Nicolat Lecat , directeur général Agribio Union. Photo : Agribio Union.

 

« Ce marché est en croissance de 10% par an. Il a absorbé sans baisse de prix la vague de conversion de 2008/2011 et il pourrait encore le faire cette fois-ci, explique Nicolas Lecat, directeur général d'Agribio Union. Mais cela ne pourra se faire qu’à la condition que l’offre reste structurée. Le marché du bio n’est pas aussi fluide que le marché conventionnel. Les 400 000 tonnes sont réparties entre une cinquantaine de productions différentes. Du fait de l’exigence de traçabilité et des cahiers des charges, une part importante est contractualisée. Il y a un lien très fort entre les organismes de collecte et les clients. C’est d’ailleurs grâce à cela que nos clients jouent le jeu pour favoriser une production française stable. En contrepartie, les producteurs doivent accepter de s’engager.Nos clients sont de leur côté de plus en plus concentrés. En blé meunier, 5 à 6 meuniers représentent 85% des volumes et c’est à peu près la même chose pour les triturateurs, les fabricants d’aliments ou les transformateurs de soja. Les années où la marchandise vient à manquer cela n’a pas d’effet. Par contre dès que le marché se rééquilibre en terme d’offre et de demande, voire dès qu’il y a une surproduction de quelques pourcents, la dispersion de l’offre a un effet très négatif en accélérant la baisse des prix. Il faut véritablement éviter la multiplication des opérateurs et faire un travail commun pour que l’offre reste structurée. A cette condition, la valorisation sera au rendez-vous pour les agriculteurs. »

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