« Les prévisions se situent à 29,82 dollars pour une livre de sucre en 2024 »

Pour Antoine Andreani, les cours du sucre, au niveau mondial, pourraient poursuivre leur envolée en 2024. Photo : XTB

Actuellement à 23,14 dollars la livre, le sucre, qui a déjà gagné quelque 150 % depuis mars 2020, pourrait poursuivre son envolée. Mais les incertitudes sont nombreuses, tant sur l'évolution des cours du brut que sur les effets d'El Niño dans certains pays producteurs. Pour les betteraviers français, ce sont plutôt les importations massives de sucre ukrainien qui inquiètent.

Les cours mondiaux du sucre sont actuellement élevés. Quelles sont, d'après vous, les raisons de cette évolution ?

Antoine Andreani : L'envolée des cours mondiaux date en fait du confinement, le 12 mars 2020 aux États-Unis, et des politiques mises en œuvre pour soutenir l'économie. Cette situation a d'ailleurs eu un impact sur toutes les matières premières et est également liée à l'évolution du prix du baril de brut. Les resserrements monétaires opérés par les banques centrales pour juguler l'inflation n'ont pas changé grand-chose. La récente baisse des cours, toute relative, tient plus à l'évolution du prix du brut. Enfin, tandis qu'on évoquait les effets du phénomène El Niño, en particulier en Inde, de nature à diminuer les récoltes, l'impact, pour l'heure, est mesuré. Alors que les cours du sucre pour les contrats à terme, sur le CBOT, à Chicago, et sur l'Intercontinental Exchange, à Londres, se situent actuellement sur les niveaux de 23,14 dollars la livre, soit une appréciation de 150 % depuis le 12 mars 2020, les traders ont pour cible, sur le très long terme, un niveau de 59,6 dollars. Ce qui représente donc une nouvelle envolée de 155 % pour l'atteindre.

Quelles sont les prévisions pour 2024 ?

A. A. : Elles se situent à 29,82 dollars pour les mois qui viennent. Selon les dernières estimations du Département de l'Agriculture américain, l'offre et la demande sont relativement équilibrées, avec 183,5 Mt pour l'offre et 178,4 Mt pour la demande. Toutefois, le gouvernement indien, soucieux d'une baisse de la récolte en raison des effets d'El Niño – même si les dernières prévisions sont plus optimistes que celles des mois passés –, et de l'inflation alimentaire dans le pays, a prolongé ses restrictions sur les exportations de sucre et cherche à limiter l'usage du jus de canne et de la molasse pour la fabrication d'éthanol. Le Pakistan, 7e producteur mondial, pourrait lui aussi être affecté par El Niño, tandis que le Brésil serait en fait en partie épargné par le phénomène.

Quel est l'impact de la situation actuelle et future pour les betteraviers français ?

A. A. : Les betteraviers français, premiers producteurs européens, ont souffert ces dernières années. D'abord, en raison de l'abandon des quotas de production par l'Europe, en 2017, qui a conduit à une surproduction, puis, en 2020, du fait de la jaunisse de la betterave, qui a fait baisser les rendements de 30 %. Et si la production a retrouvé des couleurs en 2023 et que, grâce à la hausse des cours, les producteurs ont renoué avec la rentabilité, cela s'est fait sur des surfaces moindres, en raison de la décision de l'Union européenne de bannir les dérogations sur les néonicotinoïdes, au début de cette année. Enfin, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ils doivent faire face aux importations massives venues d'Ukraine. Avant 2022, l'Union européenne appliquait un contingent de 20 000 tonnes de sucre importé depuis l'Ukraine, contingent qui a été supprimé avec la guerre. Résultat, quelque 700 000 tonnes de sucre ukrainien devraient être expédiées vers l'Europe en 2023-2024, après près de 400 000 tonnes pour la campagne 2022-2023. De quoi peser sur les prix à venir. D'ailleurs, alors que les cours sont actuellement à 817 euros la tonne en Europe (et à seulement 676 euros au niveau mondial), la situation pourrait changer. Cela dit, dans l'immédiat, les consommateurs qui préparent les fêtes de fin d'année vont déjà payer leurs chocolats plus chers, puisqu'en plus du sucre, les cours du cacao sont à la hausse depuis l'été 2022. Ils devraient continuer de grimper dans les mois qui viennent, pour, peut-être, se retourner avant la fin 2024.

Propos recueillis par Lys Zohin

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