BASF France vise 25% de son activité sur “les nouveaux leviers de croissance” en 2030 

BASF Agro oriente sa feuille de route stratégique vers les solutions qu’elle apporte — et compte apporter dans les prochaines années — pour accompagner le monde agricole à répondre aux trois enjeux majeurs qui lui font face : transition agroécologique, climat et souveraineté alimentaire.

À l’horizon 2030, BASF France espère réaliser un quart de son chiffre d’affaires sur les nouveaux leviers de croissance, les trois quarts restant dévolus aux solutions conventionnelles. Pour cette raison, BASF Agro a dressé le bilan de sa feuille de route agroécologique 2030 ce 9 novembre, face à la presse. 

Jean-Jacques Pons, directeur général de BASF Agro, précise : 

« Si on cumule les molécules à profil optimisé, les biosolutions et les solutions digitales, on atteint un chiffre d’affaires de 26,3 % en 2022 ». 

Le directeur général prévoit une croissance à 30 % en 2025 et de 45 % à 50 % d’ici 2030.

Plus précisément, la part du biocontrôle, qui représentait 5,5 % du chiffre d’affaires de BASF Agro en 2021, est tombée à 4 % en 2022, mais l’entreprise prévoit d’atteindre 5 % en 2025 et 10 % en 2030.

Dans les six ou sept prochaines années, elle envisage uniquement d’intégrer ces solutions dans une logique combinatoire avec des produits conventionnels, afin que « l’efficacité soit suffisante et que ces outils soient acceptés par les agriculteurs ».

 

Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable, communication et affaires publiques, qui quittera l’entreprise le 28 février 2024, insiste sur la complexité de cette transition agroécologique pour BASF Agro :  

« Notre finalité est d’accompagner les agriculteurs et l’ensemble des prescripteurs dans cette transition agroécologique très complexe. Ce défi collectif doit répondre à deux enjeux : préserver la compétitivité des agriculteurs et répondre aux attentes sociétales. »

R&D du groupe BASF : 41 % pour l’agriculture

D’où la nécessité d’injecter, d’après Jean-Jacques Pons, directeur général de BASF Agro, une part « conséquente » en R&D :

« L’agriculture pèse pour 41 % de l’investissement de R&D du groupe BASF, soit plus de 900 millions d’euros investis annuellement. Cela représente plus de 10 % du chiffre d’affaires du groupe. Cet investissement est réalisé, bien sûr, autour de la chimie, mais aussi, et c’est nouveau, autour des biosolutions, du digital, des technologies d’application de solutions, des approches Carbon Farming et de la recherche en semences. Nous devrions lancer sur le marché français des blés hybrides entre 2028 et 2030. »

Il ne faut pas oublier, précise-t-il en citant l’Anses, que « depuis 2005, 50 % de produits en moins sont autorisés. Cela démontre la baisse importante des solutions sur le marché. Il y a urgence à trouver des solutions ».

Par exemple, depuis cette campagne, BASF Agro travaille avec des partenaires sur la mise au point d’une solution de biocontrôle — dans le cadre de la sortie du phosmet — contre les altises du colza. De plus, elle a récemment adhéré à la toute nouvelle association Abba.

Le bilan de la campagne 2022-2023 pour l’entreprise reflète cette situation : outre les performances sur le marché, sur lequel BASF estime détenir 17 % de part de marché, BASF Agro note la bonne performance du fongicide Revysol® qui a été utilisé sur plus d'1,9 million d’hectares de céréales.  

Étendre l’accès au Revysol® dans les prochaines années

Cette matière active devrait encore plus se déployer dans les années à venir, explique Jérôme Tournier, responsable du pôle marketing cultures :

« Pour cette campagne, nous sommes en cours de lancement de Revydas® pour colza et tournesol. Avec une formulation SC, il est composé de Revysol® et de boscalid, soit deux modes d’actions complémentaires, et cible un large spectre de maladies : sclerotinia, alternaria, oïdium et mycosphaerella. Dans les années futures, notons le 750-11 en protéagineux et en vigne contre l’oïdium et le black-rot, et sur pomme de terre contre alternaria.  Ainsi qu'une mise en marché de nouveaux fongicides céréales à base de Revysol®. »

De nombreux projets de produits d’ici 2026

Concernant les autres produits, BASF Agro annonce le lancement prochain d'une solution en biocontrôle sur colza : Asterion. Ce produit, à base de Cerevisane® (paroi de la levure S. cerevisiæ) a été homologué en octobre 2023 et devrait être disponible sur le marché à horizon 2024-2026. Il se positionne dans une logique de réduction des doses de fongicides conventionnels et dans une approche combinatoire.

  • En vigne, BASF prépare le lancement du 657, un produit formulé à base d’amétoctradine et de phosphonate de potassium, et du 216, une formulation de dithianon, accessible solo.  
  • Le 657 devrait aussi se décliner en anti-mildiou sur pomme de terre.
  • En traitement de semences, Intégral Pro, un produit de biocontrôle sur tournesol, est attendu en 2025-2026. Pour la même année, un nouveau positionnement de Xemium, à base de fluxapyroxad, est en préparation.  

Concernant les herbicides, BASF prévoit de déployer Passat Plus, à base d’imazamox, et de donner accès aux agriculteurs français au DMTA-P sur de nouvelles cultures pour lutter contre les vulpins, ray-grass et autres graminées estivales.

À l’automne 2026, BASF Agro prévoit également le lancement de Luximo, un herbicide pour céréales.

Enfin, la gamme d’inhibiteurs a été lancée récemment et de nouveaux produits sont attendus dans les prochaines années.

Réduire les impacts des phytos conventionnels

Outre cette stratégie de combiner biocontrôle et conventionnel, BASF Agro mise sur les outils d'aide à la décision (OAD) pour accompagner les agriculteurs dans le pilotage de leur stratégie de protection des cultures. L’exemple avec xarvio®, qui occupait plus de 300 000 ha en 2021, pour tomber à 260 000 ha en 2022. D’ici 2025, BASF Agro vise les 400 000 ha couverts par cet outil.

« Nous mettons en place un plan d’accompagnement pour les molécules présentant une sensibilité particulière , détaille Benjamin Gicquel, responsable pôle agroécologie, Stewardship et filières. Trois plans sont en place depuis 2021, dont un sur la molécule herbicide DMTA-P. Notre objectif est de passer à six d’ici 2030. »

À l’œuvre pour mieux valoriser l’azote

Outre la mise en place d’un protocole expérimental sur le lien entre association de fongicides et tolérance à la baisse de la dose d’azote, BASF Agro développe sa gamme d’inhibiteurs d’uréase (Limus Care, Limus Perform) ou de nitrification (Vibelsol, Vizura). Pour Emilie Ardissone, responsable marketing herbicides céréales et inhibiteurs :

« Ces produits sont formulés soit pour être imprégnés aux engrais minéraux solides, soit s’utilisent au moment de l’épandage. L’agriculteur peut ainsi réduire les émissions d’ammoniac et de protoxyde d’azote sur ses cultures. Limus Care et Vibelsol sont déjà disponibles sur le marché ; Limus Perform sera disponible pour les agriculteurs au printemps 2025. Enfin, Vizura, qui peut être utilisé avec les lisiers ou les digestats de méthaniseurs, sera testé au printemps 2024. » 

La décarbonation de la ferme France en jeu

Ces produits participent à réduire l’empreinte carbone au champ. Jean-Marc Petat précise que BASF est en train d’accélérer la fourniture de solutions aux agriculteurs sur l’enjeu de la décarbonation :  

« Nous sommes en train de lancer en France un certain nombre d'opérations pilotes pour aider nos huit Agropartners, — dont 7 coopératives et négoces et 4 prospects en cours — afin de les accompagner dans leurs enjeux stratégiques. La décarbonation est en un. »

BASF propose notamment de construire des itinéraires décarbonés adaptés aux besoins de ses partenaires : ils intègrent les solutions présentées précédemment et intégreront les semences de blés hybrides d’ici 2028 à 2030. Autre axe déployé : la mesure du bénéfice carbone et sa traçabilité. La plateforme xarvio® sera utilisée pour apporter ce type de solutions aux coopératives et négoces.

« Nous avons trois opérations pilotes en cours sur lesquelles ces solutions seront testées en 2024 », précise Jean-Marc Petat, qui insiste sur les nécessaires partenariats créés au niveau mondial et français avec d’autres experts, sur des outils de quantification du carbone par exemple, ou sur la certification.  

Quatre « Fermes Practice » en France

Trois exploitations de grandes cultures et une en vigne font partie du réseau de «Fermes Practice». Leur objectif : valider les itinéraires agroécologiques proposés par BASF Agro. Les thématiques travaillées portent sur le management de l’azote en céréales à paille, la réduction de l’empreinte carbone, les solutions numériques Horta et xarvio®, les itinéraires vignes avec des offres combinant conventionnel et biocontrôle et la technique de pulvérisation Bliss.

En 2025, BASF Agro espère compter deux nouvelles «Fermes Practice» et accélérer sur certains enjeux, comme celui du carbone.

Jean-Jacques Pons se veut réaliste :  

« Il n’y aura pas de solutions miracles dans les années qui viennent. Notre seule réponse crédible aujourd’hui aux enjeux qui sont devant nous, est de trouver les meilleures combinaisons possibles. D’où l’intérêt de ces "Fermes Practice", pour mettre in situ nos solutions. »

Jean-Marc Petat abonde et va plus loin :

« Notre demande est que les entreprises innovantes comme BASF puissent faire partie du tour de table d’Écophyto 2030, car nous sommes une des réponses au développement de solutions pour réduire les intrants tout en maintenant la compétitivité des agriculteurs. Les semi-échecs des plans Écophyto précédents sont aussi liés au fait que des entreprises comme BASF ne font pas partie de ces tours de table. »

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